Génomique comparative de la divergence écotypique associée au gradient laguno-marin chez cinq espèces de poissons
Auteur / Autrice : | Laura Meyer |
Direction : | Bruno Guinand |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Génétique et génomique |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 06/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ISEM - Institut des Sciences de l'Evolution -Montpellier |
Equipe de recherche : Spéciation, Evolution & Adaptation en milieu marin (SEA) | |
Jury : | Président / Présidente : Carole KERDELHUé |
Examinateurs / Examinatrices : Claire MéROT, Thibault Leroy, Violaine Llaurens, Roger Butlin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Violaine Llaurens, Roger Butlin |
Mots clés
Résumé
De nombreuses espèces se subdivisent en formes phénotypiquement et génétiquement différenciées qui sont associées à des variations d'habitat à fine échelle. Ces écotypes peuvent représenter une étape intermédiaire dans la formation de nouvelles espèces et offrent donc des modèles utiles pour comprendre le processus de spéciation. Des questions importantes restent en suspens quant à la manière dont les adaptations locales, les contingences historiques et les composantes de l'architecture du génome interagissent dans la formation des écotypes. Cette thèse avait pour objectif d'étudier la subdivision écotypique à travers un cadre comparatif réalisé dans contexte biogéographique similaire. Nous avons ainsi étudié cinq espèces de poissons marins de l'Atlantique Nord-Est et de la Méditerranée: l'anchois européen (Engraulis encrasicolus), l'hippocampe moucheté (Hippocampus guttulatus), l'athérine (Atherina boyeri), le crénilabre cendré (Symphodus cinereus) et le syngnathe siphonostome (Syngnathus typhle). Ces espèces occupent une variété d'habitats différents le long du gradient écologique mer-lagune, et la comparaison de leurs histoires évolutives peut révéler des aspects importants liés à la formation des écotypes. Nous avons cherché à caractériser les rôles relatifs de l'écologie, des contingences historiques et de l'architecture génomique dans la détermination des trajectoires évolutives des paires décotypes chez chaque espèce. En utilisant des données de séquençage du génome entier, nous avons cherché à tester (i) si les différences génétiques sont associées aux différents types d'habitat et (ii) comment celles-ci sont maintenues en présence de flux génique. (iii) Nous avons évalué dans quelle mesure l'architecture génomique participe au maintien de la différenciation écotypique et (iv) si ces différences proviennent de nouvelles mutations, de variations génétiques pré-existantes ou de variations introgressées. Enfin, nous avons cherché (v) à caractériser le contexte historique de la divergence écotypique. Dans le chapitre I, nous étudions la structure écotypique chez E. encrasicolus - une espèce pélagique très mobile présentant des écotypes marins et côtiers à une large échelle géographique. Nous avons identifié de multiples variants structuraux (VSs) qui sous-tendent la différenciation écotypique et qui ont probablement été introgressés à partir d'une troisième lignée présente dans le sud de l'océan Atlantique. Dans le chapitre II, nous étudions deux VSs qui différencient les lignées géographiques et écotypiques chez H. guttulatus. Nos résultats montrent qu'ils correspondent à d'anciens polymorphismes intraspécifiques dinversions chromosomiques, soumis à des dynamiques évolutives différentes et contribuant différemment à la différentiation entre écotypes. Enfin, dans le chapitre III, nous comparons les patrons éco-géographiques et les architectures génomiques associées des écotypes des cinq espèces. Nous avons constaté que la structure écotypique était généralement plus prononcée dans la Méditerranée que dans l'Atlantique, ce qui indique probablement l'influence d'une histoire biogéographique commune. De plus, la comparaison des paysages de divergence entre espèces a révélé que les grands VSs, tels que les inversions chromosomiques, sont régulièrement impliqués dans la différenciation écotypique. En raison de leur effet suppresseur sur la recombinaison, les VSs maintiennent les combinaisons alléliques impliquées dans différentes formes d'adaptations, et pourraient ainsi agir comme des barrières au flux génique entre des lignées. Bien que la présence dun seul VS ne permette pas lisolement reproductif, lévolution dun déséquilibre de liaison entre plusieurs VSs pourrait contribuer à renforcer lisolement reproductif, même sil nest pas certain que cette condition soit suffisante pour achever la spéciation.