Sentiment de compétence parentale, pouvoir d'agir et stratégies d'adaptation dans le cadre de l'assistance éducative : les influences du contexte et de la perception de l'intervention éducative par le parent
Auteur / Autrice : | Séverine Delaville |
Direction : | Valérie Pennequin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 08/09/2020 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | Humanités et Langues - H&L |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Psychologie des âges de la vie et Adaptation |
Mots clés
Résumé
En constante augmentation ces dernières décennies, les mesures d'action éducative (AEMO, AED) concernent en France plus de 164 000 enfants et jeunes de moins de 21 ans (DREES, 2018). Ces interventions, placées sous le regard d'un juge des enfants ou de l'Aide Sociale à l'Enfance, font suite à l'évaluation par des professionnels de difficultés éducatives, matérielles ou morales rencontrées par les parents dans l'exercice de leur parentalité. Cette recherche a pour objectif d'étudier les répercussions de la mise en place d'une action éducative décidée par un tiers sur le sentiment de compétence des parents. Les études montrent que le développement du sentiment de compétence parentale est un processus adaptatif constant. Il se construit non seulement dans les interactions avec l'enfant mais également au travers du regard social. Au-delà des circonstances aux origines de l'intervention éducative, cette étude s'attachera à évaluer le sentiment de compétence parentale (efficacité et satisfaction) en fonction du contexte de l'intervention (mesure administrative ou judiciaire, nature des difficultés, âge de l'enfant ) et de la perception de l'intervention par le parent. Les stratégies d'adaptation (coping) des parents seront également prises en compte pour comprendre leur lien avec le sentiment de compétence parentale selon le contexte et la perception de l'intervention éducative par le parent. Fondé sur la théorie socio-cognitive proposée par Bandura (1997), le sentiment de compétence parentale renvoie aux croyances du parent à propos de sa capacité à réaliser des tâches liées à son rôle parental (Coleman et Karraker, 2003). Si ce concept est parfois confondu avec le sentiment d'efficacité (habiletés et aptitudes perçues dans la pratique parentale), il se complète d'une dimension affective (le sentiment de satisfaction) reflétant la motivation, l'anxiété et la frustration liées au rôle parental. Une revue de la littérature montre que les mécanismes qui sous-tendent le sentiment de compétence sont complexes. Elle révèle notamment que des influences réciproques se dessinent entre un sentiment d'efficacité parental élevé, une plus grande satisfaction, et une persévérance accrue dans des situations difficiles (De Haan, Prinzie et Dekovic, 2009). Elle suggère également que le sentiment de compétence parentale sous ses deux dimensions, efficacité et satisfaction, est façonné par les ressources du parent, les caractéristiques de l'enfant mais également, par le rôle déterminant des expériences contextuelles. Le parent évalue sa compétence dans les interactions avec son entourage social ; le feed-back des personnes significatives participe à cette évaluation et peut être perçu comme une source de soutien ou au contraire, comme un facteur de stress. Bloomfield et Kendall (2012), ont associé l'existence d'un sentiment de compétence élevé à un niveau de stress réduit. Des travaux plus récents (Zebdi et al., 2018 ; Sanchez-Rodriguez, Callahan et Séjourné, 2018) ont exploré les relations entre le sentiment de compétence et les stratégies d'adaptation développées par le parent dans des contextes présentant des stresseurs identifiés (maladie ou handicap, périnatalité ). Ces stratégies semblent permettre au parent d'atteindre un niveau élevé de satisfaction lorsqu'elles sont efficaces pour modérer le stress perçu. Nous pouvons supposer que la décision d'intervention éducative émanant d'un tiers dit « compétent » entre dans le processus évaluatif du parent. A notre connaissance, ce facteur particulier n'a pas encore été étudié. Dans cette hypothèse, nous souhaitons découvrir dans quelle mesure la perception de l'intervention éducative par le parent peut influer tant sur son sentiment de compétence que sur ses stratégies d'adaptation. L'enjeu est de repérer les mécanismes cognitifs et émotionnels à l'uvre chez le parent concerné par une décision d'assistance éducative, et en particulier, la représentation de sa parentalité dans ce contexte spécifique. De nouvelles connaissances dans ce champ permettront de dégager des axes d'analyse et d'ajustement des pratiques professionnelles auprès des parents.