Accès aux filières sélectives de l'enseignement supérieur : inégalités de revenu, barrières financières, écarts selon le genre
Auteur / Autrice : | Cécile Bonneau |
Direction : | Julien Grenet, Gabrielle Fack |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 27/06/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : PJSE - Paris-Jourdan Sciences Economiques |
établissement opérateur d'inscription : Ecole normale supérieure | |
Jury : | Président / Présidente : Marc Gurgand |
Examinateurs / Examinatrices : Julien Grenet, Camille Terrier, José De sousa, Gabrielle Fack, Kevin Stange | |
Rapporteur / Rapporteuse : Camille Terrier, José De sousa |
Mots clés
Résumé
La démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur est considérée comme un pilier de la mobilité sociale, favorisant une société où la position sociale des individus ne dépend pas directement de leur origine. Depuis les années 1960, l'enseignement supérieur en France a connu une démocratisation 'quantitative' remarquable, avec une multiplication par près de dix des effectifs étudiants entre 1960 et 2020. Cependant, de nombreuses études mettent en évidence la persistance de disparités sociales, géographiques et de genre significatives dans laccès à lenseignement supérieur, et plus particulièrement à ses filières sélectives. La première contribution de cette thèse est de documenter ces disparités daccès selon une perspective innovante, en fonction du revenu parental, alors que la plupart des études existantes privilégient la profession des parents, plus souvent disponible dans les données éducatives. En dépit de la très forte corrélation entre l'origine sociale et le niveau scolaire des élèves en France, les performances académiques ne suffisent pas à expliquer entièrement les écarts sociaux d'accès aux filières sélectives de lenseignement supérieur ; et nexpliquent a fortiori pas les écarts dorientation selon les genres dans les disciplines scientifiques, les filles ayant en moyenne de meilleurs résultats scolaires dans le secondaire que les garçons. Cela soulève la question des facteurs susceptibles dexpliquer ces écarts. La seconde contribution de cette thèse est de sintéresser à deux mécanismes susceptibles d'expliquer une partie des inégalités sociales et de genre dans laccès aux filières sélectives scientifiques : l'impact d'un environnement d'études compétitif sur la performance académique des femmes, et l'influence des frais de candidature aux concours. Ces aspects ont été peu étudiés dans la littérature existante sur les obstacles à laccès aux filières sélectives de lenseignement supérieur, et encore moins dans le contexte dun pays européen doté dun système denseignement supérieur public quasi gratuit mais fortement stratifié. Le premier chapitre de cette thèse documente les disparités d'accès à lenseignement supérieur en fonction du revenu parental, révélant une différence significative : 35% d'accès pour les individus situés en bas de la distribution des revenus contre 90% pour ceux en haut. Cette analyse met en évidence des niveaux d'inégalité comparables entre la France et les États-Unis. À travers une analyse détaillée des données de dépenses en enseignement supérieur, le chapitre illustre comment ces inégalités daccès se traduisent par des disparités importantes dans les dépenses denseignement supérieur. Le deuxième chapitre explore l'impact d'un environnement compétitif sur la performance académique des femmes dans les filières scientifiques sélectives. Nous montrons que l'écart de performance entre les genres dans l'accès aux grandes écoles les plus sélectives double presque lorsque les étudiants préparent les concours dans un cadre plus sélectif et compétitif, à savoir en classe étoilée, par rapport à une préparation en classe non étoilée. Le dernier chapitre évalue l'impact des frais de candidature aux grandes écoles d'ingénieurs sur les décisions des candidats concernant leur poursuite détudes, une barrière financière rarement abordée dans la littérature antérieure. Cette analyse révèle que l'introduction de frais diminue considérablement le nombre de candidatures, réduisant ainsi la probabilité d'admission et d'inscription dans ces grandes écoles scientifiques. Cet effet ne s'étend toutefois pas à l'inscription dans l'enseignement supérieur en général, ni ne modifie la sélectivité moyenne des formations choisies. S'appuyant sur un riche corpus de données administratives, enrichi par une vaste collecte de données, cette thèse vise à apporter un éclairage nouveau sur divers obstacles à l'équité dans l'accès aux filières sélectives de l'enseignement supérieur.