Thèse en cours

Traduction des métaphores et formation des traducteurs : procédures, compétences et usage de la traduction automatique
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Auteur / Autrice : Sarah Daniel
Direction : Caroline RossiMaria Fernandez-parra
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage Spécialité Didactique et Linguistique
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2019
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes en cotutelle avec Université de Swansea
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des Langues et des Cultures d'Europe, d'Amérique, d'Afrique, d'Asie et d'Australie

Résumé

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La théorie de la métaphore conceptuelle (Lakoff & Johnson, 1980/2003) a fait passer notre conception des expressions métaphoriques d'un phénomène linguistique à un aperçu de des moyens que se donne la langue pour faciliter et influencer la compréhension. Néanmoins, la traductologie a continué à traiter les expressions métaphoriques comme une problème linguistique (Baker, 1992; Haywood, Thompson, & Hervey, 2009; Hervey & Higgins, 2002) et ce n'est que récemment que la métaphore conceptuelle y a été intégrée (Aldhahi, Fernández-Parra, & Davies, 2018; He, 2021; Shuttleworth, 2011). Les expressions métaphoriques renferment des informations culturelles (Hiraga, 1991; Maalej, 2008) dont la compréhension représente souvent un défi pour les traducteurs en formation et la traduction automatique (TA). Pour les étudiants de traduction les métaphores sont difficiles car elle se comprennent souvent de manière holistique et ne sont pas décomposables en unités individuelles (mots ou expressions) qui permettraient de les comprendre (Jiang & Nekrovska, 2007). L'introduction des outils de traduction automatique neuronale a permis un gain qualitatif important (Poibeau, 2017), mais pour certaines expressions ils tendent à suivre le sens propre, qui est le plus fréquent dans les données d'apprentissage, au lieu du sens figuré, ce qui limite leur utilité pour la traduction des métaphores. Cette étude vise à identifier les types d'expressions métaphoriques qui existent dans les textes journalistiques portant sur l'immigration, et les solutions trouvées par des traducteurs professionnels pour en rendre compte. Nous exploitons un corpus d'articles publiés en français sur le site web de Le Monde diplomatique entre 2009 et 2019 et leurs traductions en anglais et espagnole publiés dans les versions anglais et espagnole du journal. Cette analyse des produits de traduction se combine avec une étude empirique sur les produits et processus de deux groupes : des étudiants en traduction et des traducteurs professionnels, travaillant depuis le français vers deux langues cibles : anglais et espagnol afin d'établir si ces deux groupes ont des approches différentes à la traduction des expressions métaphoriques. L'étude empirique combine une tache de traduction avec une tache de post-édition pour découvrir si ces outils aident ou gênent en la traduction des expressions métaphoriques. Un article du corpus était choisi comme texte source pour la partie empirique de l'étude car il avait l'immigration comme sujet principale et comportait des expressions métaphoriques pour en parler dans la première partie. Son titre, sous-titre, ses quatre premiers paragraphes et le titre de sous-partie comportaient un extrait de 448-mots, une longueur possible pour les étudiants en Master de traduction à traduire en deux heures ou moins. Le Procedure pour l'Identification des Métaphors (PIM) (Reijnierse, 2019) était utilisée pour identifier les expressions métaphoriques dans ces 448 mots et ils ont été classés comme « dead » (mortes) ou « conventional » (conventionnelles) selon Deignan (2005). Pour la partie empirique nous avons proposé deux versions de la tâche : soit la première moitié de l'extrait était à traduire et la deuxième partie a post-éditer, soit ils commençaient par la post-édition et procédaient à la traduction. Ainsi nous avons obtenu des versions traduites et post-édités pour chaque expression dans le texte qui ont ensuite été comparées pour établir si la traduction automatique a influencé le produit final. Outre les textes traduits et post-édités (les produits), des mesures de processus ont été enregistrés pour tous les étudiants en traduction et pour les traducteurs professionnels qui pouvaient consacrer du temps à faire des tels enregistrements. Trois types d'enregistrement ont été fait : des écrans, des frappes au clavier et des protocoles verbales, ou le participant raconte leur processus de réflexion pendant qu'il traduit et post-édit. Ainsi il était possible de comparer des mesures d'effort cognitif comme des pauses, des effacements, des changements du texte et de la recherche, pour des différentes expressions métaphoriques. Les protocoles verbaux ont été interrogé pour des réflexions sur le caractère métaphorique des expressions, et pour établir lesquelles expressions se considéraient des problèmes en traduction. La partie de l'étude basé sur le corpus visait à établir les expressions métaphoriques pour l'immigration présentes dans le corpus et les solutions trouvés pour leurs traductions. Le méthode de Stefanowitsch (2006) – recherche des mots-clés qui vient de la domaine source – s'utilisait pour chercher des autres exemples des métaphores présentes dans l'extrait (l'immigration est une guerre, les restrictions à l'immigration sont le mur de Berlin) et qui ont été identifiés dans la littérature : les immigrants sont de l'eau (Nguyen & McCallum, 2016), les immigrants sont des animaux/parasites (Mujagić & Berberović, 2019; Santa Ana, 1999), les immigrants sont de la pollution (Baider & Kopytowska, 2017), les immigrants sont des maladies (Benczes & Ságvári, 2021). Cette étude vise à identifier les types d'expression métaphorique qui sont les plus difficiles pour les étudiants en traduction, information que les formateurs peuvent intégrer dans les cours de traduction. Les résultats de la tache de post-édition montreront les types d'expression pour lequel la traduction automatique propose des traductions de mauvaise qualité, ainsi que montrer si, et à quel point, la TA est utile pour la traduction des métaphores.