Thèse soutenue

Caractérisation de symbiotes bactériens colonisant les branchies de diverses espèces de crabes de Guadeloupe

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Auteur / Autrice : Naema Beziat
Direction : Olivier GrosSébastien Duperron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et biologie des organismes - populations - interactions
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Dynamique des environnements dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre ; 2022-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de systématique, évolution, biodiversité (Paris ; 2009-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Olivier Gros, Sébastien Duperron, Philippe Compère, Audrey Caro, Isabel Marcelino, Magali Zbinden
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Compère, Audrey Caro

Mots clés

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Résumé

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Dans un monde où les symbioses sont répandues entre les organismes vivants, nous nous sommes intéressés au groupe des crustacés.En milieux côtiers, des crabes brachyoures d’eau douce, marins, semi-marins ou encore terrestres ont été décrits avec une association bactérienne localisée au niveau des branchies. Plusieurs familles de crabes sont concernées par cette association telles que les Dotillidae, Grapsidae, Ocypodidae, Portunidae, Sesarmidae et Varunidae.Au cours de cette thèse, des crabes brachyoures de divers biotopes en Guadeloupe ont été étudiés par des approches ultrastructurale, phylogénétique et métabolomique.Nous avons réalisé les analyses ultrastructurales sur 14 espèces de crabes marins, semi-marins, et terrestres appartenant aux familles des Sesarmidae, Ocypodidae, Gecarnidae, Portunidae, Panopeidae, Grapsidae, Pinnotheridae, Percnidae et Inachoididae. Un minimum de 5 individus a été collecté pour chacune des 14 espèces. Parmi les espèces étudiées seules 3 ne présentaient pas de bactéries sur leurs branchies. Les communautés symbiotiques ont été identifiées par analyse métabarcoding de la région variable V4-V5 du gène codant pour l’ARNr 16S pour sept espèces différentes. Les Alphaproteobacteria et Bacteroidota étaient dominantes en règle générale chez les crabes étudiés. Bien que chaque espèce de crabe semble être associé à une population bactérienne spécifique, des similitudes sont observées entre les ASV (Amplicon Variant Sequence) provenant de crabes appartenant à la même famille.Des analyses plus approfondies ont ensuite porté sur deux espèces de crabes de mangrove : Aratus pisonii (Sesarmidae) un crabe arboricole vivant sur les racines et branches de palétuvier rouge et Minuca rapax (Ocypodidae) un crabe vivant dans le sédiment de mangrove.La microscopie électronique à balayage a révélé des bactéries en forme de bâtonnets et cocci en surface des branchies alors qu’aucune bactérie intracellulaire n’a été observée par microscopie électronique à transmission dans les tissus branchiaux d’A. pisonii et de M. rapax.Le mode de transmission des symbiotes d’A. pisonii et de M. rapax a été déterminé par PCR à l’aide d’amorces bactériennes généralistes. Des résultats négatifs sur les échantillons de gamètes provenant des femelles grainées ainsi que sur les stades larvaires (zoés et mégalope) obtenus par culture en laboratoire ou récupérées in situ (filet à plancton) ont permis d’exclure la transmission verticale. Des analyses réalisées sur les échantillons de l’environnement (eau de terrier, épiderme de palétuviers) suggèrent que les juvéniles acquièrent une partie de leurs symbiotes à partir de l’eau de terrier. La transmission est donc environnementale pour les espèces A. pisonii et M. rapax.Les métabolites secondaires présents dans les branchies d’A. pisonii, M. rapax, Percnon gibbesi, et Ucides cordatus ont été caractérisés par GC×GC-TOFMS. La trigonelline, un antimicrobien isolé chez une plante a également été retrouvée chez toutes les espèces sauf U. cordatus. Malgré leur mode de vie différent (marin, semi-marin et terrestre), de la cycloserine (antibiotique d’origine microbienne) a été retrouvée chez les quatre espèces étudiées. La présence de ces molécules, qui pourraient être impliquées dans la régulation de l’interaction avec les bactéries, tend à confirmer le caractère symbiotique de l’association.En conclusion, l’interaction crabe/bactéries est répandue chez les crabes brachyoures de Guadeloupe au même titre que chez les crabes brachyoures d’Asie et/ou d’Afrique. Chaque espèce de crabe possède une communauté symbiotique qui lui est propre. Cependant le rôle des bactéries reste à élucider. L’analyse métabolomique a permis d’obtenir des pistes de recherches qui doivent être approfondies afin de caractériser de façon plus précise ces interactions non aléatoires et présentes dans plusieurs endroits au monde.