La coopération judiciaire dans l'espace OHADA
Auteur / Autrice : | Seynabou Traore |
Direction : | Philippe Guez |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 25/11/2016 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'Etudes Juridiques Européennes et Comparées |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'OHADA est conçue pour garantir la sécurité juridique et judiciaire de son espace afin de faciliter les échanges et investissements. Ce qui peut impliquer entre autres une indication claire du droit applicable, une identification aisée de la juridiction compétente, des méthodes de reconnaissance et d'exécution rapides et efficaces des décisions dans les Etats. De ce fait, autant un espace juridique OHADA est relativement élaboré de par l'adoption d'un droit uniforme des affaires et applicable dans tous les Etats et l'institution d'une Cour de justice chargée de son application et interprétation uniforme autant celui judiciaire demeure imperceptible. En effet, l'application du droit commun édicté par l'OHADA incombe, en premier lieu, aux juridictions nationales des Etats membres. L'OHADA reconnaît une autonomie institutionnelle aux différents Etats, qui leur permet d'organiser les compétences et les procédures destinées à sanctionner le droit commun mais aussi les conditions d'exécution des décisions émanant de leurs juridictions respectives. Ce qui n'est pas sans poser de difficultés dans des situations frappées d'extranéité. Ainsi, on peut se poser la question de la sécurité judiciaire, face au problème d'exécution des jugements dans les Etats parties, à l'ambigüité des règles relatives à l'accès aux juridictions et à l'ensemble des actes de procédure. Ces situations dont la résolution passe par le droit international privé contrarient l'objectif de sécurité recherché par l'OHADA du fait d'une absence de législation dans certains pays tant en matière de compétence juridictionnelle internationale qu'en matière de circulation des décisions . Mais aussi du fait de la diversité des législations et parfois la complexité des conditions de la reconnaissance et de l'exequatur défavorisant ainsi la circulation fluide des décisions judiciaires dans les Etats d'Afrique membres de l'OHADA. L'impact négatif de telles situations sur la vie juridique et sur le développement économique des États membres concernés est d'ailleurs susceptible d'anéantir les effets bénéfiques procurés par le traité OHADA. Elles justifient ainsi largement la nécessité d'apporter une solution suffisamment opérante à l'établissement d'un espace gage de sécurité juridique et judiciaire. La coopération judiciaire entre les Etats membres pourrait constituer cette solution d'autant plus que les processus d'intégration finissent par requérir inexorablement une coopération judiciaire entre les États en matière civile et commerciale qui va en s'accroissant au fur et à mesure que les besoins du processus l'imposent . Celle-ci, en parfaite harmonie avec l'intégration OHADA, nous semble être la solution la plus appropriée en ce qu'elle se révèle moins complexe car plus souple vis-à-vis au respect de la souveraineté des Etats mais aussi plus complète car au-delà des questions de reconnaissance et d'exécution des décisions, de procédures et de compétences, elle est à même de gérer les questions de conflits de lois pouvant naître dans cet espace du fait des lacunes du droit OHADA. Elle constitue ainsi un instrument utile tant pour combler les lacunes du cadre légal interne, que pour pallier les inconvénients dus au cadre conventionnel inadéquat [existant] qui freine la résolution normale des conflits internationaux. Elle existe déjà entre la plupart des Etats parties mais s'inscrit traditionnellement dans des conventions bilatérales et multilatérales dont l'application suscite quelques polémiques en raison de leur caractère limité et suranné , la négation de leur légitimité et leur pluralité labyrinthique. La déconstruction d'une telle coopération semble dès lors nécessaire, de l'espace judiciaire OHADA et sa reconstruction indispensable à l'institution d'un véritable espace gage de sécurité juridique et judiciaire.