Thèse en cours

Michaux, Artaud, et L'art brut:textes et images à la frontière de la littérature

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Auteur / Autrice : Shuhei Seo
Direction : Alain Milon
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Esthétique
Date : Inscription en doctorat le 11/09/2019
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, spectacles
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire des arts et des représentations (Nanterre)

Mots clés

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Résumé

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Dans cette recherche, nous analyserons trois sujets, Henri Michaux, Antonin Artaud, et le mouvement de l'Art brut à partir de Jean Dubuffet , en considérant le contexte historique du vingtième siècle où le discours psychopathologique est fortement lié à des représentations littéraires et artistiques. Ces écrivains et ce mouvement artistique ont été respectivement étudiés, mais les résultats de ces études ne mentionnent pas clairement leur rapport théorique bien qu'ils aient de nombreux points en commun, historiques et biographiques. Les problématiques de nos recherches sont ces deux points ci-dessous. D'abord, Michaux, Artaud et les artistes de l'Art brut s'approchent, chacun à sa manière, du discours de la psychopathologie, et ils sont souvent traités comme patients même de maladie mentale. Mais leur relation avec la psychopathologie est différente. Par exemple, Artaud est interné dans les hôpitaux psychiatrique, et sa maladie est un élément important dans son écriture. Jacques Derrida analyse ses textes en montrant « la complicité entre discours clinique et le discours critique », et il est évident qu'il donne une grande importance chez Artaud, à la relation entre la littérature et sa maladie mentale. Mais il y a aussi des phénomènes littéraires et esthétiques que Derrida n'a pas traités en 1967 dans ses études. Par exemple, Michaux a approché l'expérience de l'aliénation en prenant des drogues hallucinogènes pour écrire ses textes. En plus, des expressions significatives par des malades sans intentions créatrices et artistiques, ont été collectionnées et mobilisées comme mouvement artistique par des amateurs comme Dubuffet. Il est évidemment nécessaire de renouveler des études sur ces rapports entre la création littéraire et le système médical, en y apportant des nuances qui caractérisent ces écrivains et artistes. Deuxièmement, il faut examiner le fait spécifique au vingtième siècle que des matériaux secondaires, comme des manuscrits, des dessins, des lettres et des notes écrites de leur main, sont aussi importants que les textes typographiés chez ces trois sujets. Des œuvres de l'art brut montrent la possibilité de la création poétique hors du champ de la littérature traditionnelle, et en même temps, elles sont faites sous les formes de lettre ou note personnelle, sans l'intention de les typographier et les publier. Michaux notamment, qui a réussi comme peintre, attache de l'importance au caractère graphique et corporel de ses représentations. Et il devient d'autant plus nécessaire de faire avancer des études, parallèlement sur l'art brut et Michaux, alors que les Cahiers d'Artaud viennent d'être publiés ces dernières années. Pour nous attaquer à ces deux grandes problématiques, nous continuons nos recherches en les concentrant particulièrement sur ces trois travaux ci-dessous. Tout d'abord, nous allons tenter de comprendre le contexte dans lequel une production d'aliéné est considérée comme œuvre d'art. Pour cela, nous allons consulter les textes de Dubuffet contemporain de Michaux, d'Artaud, et de la philosophie au vingtième siècle. En plus, nous allons faire des recherches documentaires sur des collection d'art brut en Suisse pour concrétiser nos études. Deuxièmement, nous analysons les textes de Michaux, particulièrement ses textes concernant la relation entre l'aliénation et la représentation littéraire. Troisièmement, nous allons analyser les lettres et les cahiers d'Artaud après son internement dans l'hôpital de Rodez en 1943, et les archives d'Artaud conservées dans la Bibliothèque Nationale, pour déterminer la frontière, au vingtième siècle, entre des écrivains professionnels comme Michaux et des aliénés considérés comme artistes de l'art brut. Les particularités de nos recherches peuvent être résumées en trois points ci-dessous. Tout d'abord, nous traitons le problème de l'aliénation et la littérature, non seulement du point de vue de l'étude de la littérature, mais aussi plus largement de la représentation linguistique du vingtième siècle, qui comprend des documents divers hors des œuvres de la littérature. Deuxièmement, en plus d'Artaud, qui a souvent été analysé dans le discours sur la relation entre la folie et la littérature, pour saisir plus précisément la spécificité de la littérature contemporaine, nous affirmons l'importance de Michaux, qui s'approche assez consciemment de l'aliénation elle-même sans être classé parmi les patients. Troisièmement, la juxtaposition dans nos recherches de Michaux, Artaud, et l'art brut, qui pratiquent des créations hors de la tradition de la littérature, peut soulever des problématiques proches de la littérature d'aujourd'hui et d'auteurs comme Muriel Pic qui pratique « la poésie documentaire » en utilisant des documents historiques, et y donne une réponse concrète.