Une histoire des pratiques lettrées antiques et de leurs mutations : l’exemple de la pragmatique des textes attribués à Apulée

A history of ancient literary practices and their mutations: the example of the pragmatics of texts attributed to Apuleius

• Auteur / Autrice : Cyril Rouanet
• Direction : William Marx, Pierre Vesperini
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Littérature comparée
• Date : Inscription en doctorat le ; Soutenance le 30/05/2024
• Etablissement(s) : Paris 10
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches en littérature et poétique comparées (Nanterre, Hauts-de-Seine)
• Jury : Président / Présidente : Corinne Bonnet
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : William Marx, Aaron Kachuck, Antonio Stramaglia, Carole Boidin, Pierre Vesperini
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Aaron Kachuck, Antonio Stramaglia

Mots clés

Mots clés libres

Apulée

Anthropologie

Littérature

Histoire

Philosophie

Pragmatique

Apuleius

Anthropology

Literature

History

Philosophy

Pragmatics

Résumé

On se propose d’envisager le corpus des textes attribués à Apulée au cas par cas, dans l’idée que chaque ouvrage s’inscrivait dans des pratiques spécifiques et non en vue de fabriquer une œuvre unifiée. Ces vingt dernières années, au contraire, la tendance a été d’attribuer au corpus d’Apulée une logique d’ensemble, dont les présupposés sont souvent exogènes aux catégories de pensée antiques – parmi ces catégories trompeuses, celle de « philosophie » a particulièrement été utilisée pour comprendre l’œuvre d’Apulée. L’anthropologie historique des textes invite à se défaire de ces notions faussement universelles que sont la littérature ou la philosophie, en vue de retrouver les véritables usages des textes (leur pragmatique) à l’époque où ils ont été composés. Les textes anciens n’étaient bien souvent pas composés pour eux-mêmes, mais faisaient partie de performances sociales plus larges. Les textes d’Apulée ne sont donc pas seulement la trace d’une forme de littérature, mais aussi de « pratiques lettrées ». Chaque texte d’Apulée nous permet de reconstruire l’univers mental des belles-lettres (litterae) du Haut Empire, et surtout de replacer les textes dans les performances qui leur donnaient initialement leur sens. Parmi les catégories mentales qui guident les pratiques lettrées et savantes du temps d’Apulée, ce travail propose notamment d’identifier celle de bonae artes, qui vient compléter celle de litterae. Une fois reconstruite cette pragmatique initiale des textes (qu’en faisait l’auteur ? qu’en faisaient les lecteurs-auditeurs ?), le présent travail cherche à montrer quels sont les changements culturels majeurs qui ont entraîné des modifications d’usages et favorisé la constitution progressive d’un corpus unique. L’ensemble des textes attribués à Apulée étant particulièrement divers (discours, manuels, récits…), il nous permet de reconstruire une histoire des pratiques lettrées antiques.

I propose to consider the corpus of texts attributed to Apuleius on a case-by-case basis, with the idea that each work was part of specific practices, not with a view to producing a unified work. Over the last twenty years, on the contrary, the tendency has been to read an overall logic into the body of works attributed to Apuleius, starting from assumptions that are often exogenous to the categories of Ancient thought - among these misleading categories, the category of ''philosophy'' in particular has been used to understand Apuleius's work. The historical anthropology of texts invites us to get rid of the falsely universal notions of literature or philosophy, in order to rediscover the true uses made of texts (their pragmatics) at the time they were composed. Ancient texts were often composed not for their own sake, but as part of wider social performances. Apuleius's texts are therefore not just traces of a form of literature, but also of 'literate practices'. Each of Apuleius' texts allows us to reconstruct the mental universe of the belles-lettres (litterae) of the High Empire, and above all to place the texts within the performances that initially gave them their meaning. Among the mental categories that guided literary and scholarly practices in Apuleius' time, the present work proposes in particular to identify that of bonae artes, which complements that of litterae. Once the initial pragmatics of the texts have been reconstructed (what did the author do with them? what did the readers-listeners do with them?), this work seeks to highlight what major cultural changes led to different uses being made of the texts and encouraged the gradual constitution of a single corpus. The texts attributed to Apuleius are particularly diverse (speeches, handbooks, narratives, etc.), enabling us to reconstruct a history of ancient literary practices.