Thèse en cours

Ces corps qui font la ville. Expériences de l'espace et sociabilités urbaines aux marges de l'Etat éthiopien

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Auteur / Autrice : Marion Langumier
Direction : Michèle Coquet
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Inscription en doctorat le 05/11/2018
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (Nanterre ; 1967-...)

Résumé

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Cette thèse porte sur des recompositions politiques et sur les enjeux affectifs et éthiques des situations de rencontres dans le sud-ouest de l'Ethiopie. Elle s'appuie sur un travail d'enquête dans la basse vallée de l'Omo depuis 2016, et plus précisemment dans la ville de Jinka depuis 2018. Les recompositions politiques décrites corespondent à l'arrivée, dans une région située à proximité des frontières avec le Kenya et le Soudan du Sud, de différentes vagues de migrations. Les premières sont venues autour de la fondation de la ville en 1957 conjointement avec l'imposition de l'ordre impérial sur la vallée et ses populations de petites et de moyennes sociétés agro-pastorales, jusque-là en marge des Etats. Jinka est alors à la fois un point de surplomb qui organise l'accès à ces territoires, et un espace d'échange et de rencontres. Les vagues de migration successives ont conforté cette domination. Ainsi les éthiopiens établis en ville entretiennent des relations ambivalentes, parfois conflictuelles, avec ceux de la vallée. Plus récemment, des populations étrangères ont inscrits leur présence dans la région. Des ethnologues européens et asiatiques ont investit intensément la diversité linguistique et culturelle des sociétés de la vallée, privilégiant l'étude de ces territoires à celles des centres géographique du pouvoir (Ethiopie des hauts plateaux et des villes), en même temps que divers voyageurs-explorateurs et photographes. Aux missionaires et travailleurs d'ONG viennent également s'ajouter, dans les deux dernières décennies, l'arrivée du tourisme de masse, et l'intervention techologique chinoise sur des méga-projets de développement économique. Alors que la basse vallée de l'Omo faisait il y a peu figure d'obscure périphérie, l'ancrage de la région et de Jinka dans le pays et dans le monde est boulversé. J'aborde ce boulversement -et les différentes échelles qu'il traverse - à travers l'analyse de situations et d'interactions locales, et particulièrement en milieu urbain. S'y jouent en effet des stratégies de présentations de soi et de l'autre, et s'y révèlent les perceptions qui président aux rencontres. Pour comprendre le débarquement du monde dans Jinka et dans la vallée de l'Omo, je m'interesse à ces situations de contact. Elle sont envisagées dans les différents types de rencontres qui existent entre trois groupes sociaux : éthiopiens citadins, étrangers de passage, et éthiopiens des sociétés agro-pastorales de la vallée. Au delà des types de rencontres, je m'intéresse aux manières de se rencontrer, c'est-à-dire aux intentions et aux affects qui sont mis en jeu dans la rencontre : comment on vient à la rencontre, comment la vit-on, que produit-elle et pour qui. Penser ces situations au prisme des relations de classe, de race et de genre, permet de construire une ethnograhie affective du désir de l'autre et de la violence, et de contribuer à une réflexion sur l'éthique de la rencontre. Dans le même temps, cette interrogation s'appuie sur des épistémologies post-coloniales ; et notamment par une attention portée à la diversité des points de vue et l'autonomie de leurs auteurs. En cela, il s'agit de travailler à la compréhension d'une politique-monde qui se construit aussi dans l'intime.