La responsabilisation des investisseurs étrangers : aspects de droit international
Auteur / Autrice : | Etienne Lafond |
Direction : | Franck Latty |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit public |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2019 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Droit et Science Politique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Droit International de Nanterre |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le développement du droit international des investissements depuis le XIXème siècle est caractérisé par la création progressive d'un corpus normatif souvent qualifié de libéral car étant le produit des politiques économiques, elles-mêmes empreintes de libéralisme, des États d'où proviennent les flux d'investissement. En effet, la multiplication, dès la révolution industrielle, des flux d'investissements étrangers en provenance des pays occidentaux s'est accompagnée de la nécessité d'offrir une protection efficace à ceux qui les réalisaient, souvent au détriment des Etats qui les accueillaient. Le droit international des investissements alors, était animé par une logique protectrice des investisseurs face aux mauvais traitements et expropriations qu'ils subissaient parfois dans ces Etats. Et cette philosophie n'a pas cessé d'alimenter cette branche du droit international, avec la conclusion à partir de la fin du XXème siècle de très nombreux traités (traités bilatéraux d'investissement, accords de libre-échange etc.) par lesquels l'Etat d'accueil s'engage à accorder une protection substantielle à l'investissement étranger. L'investisseur étranger se trouve désormais être le bénéficiaire de diverses protections que lui offre le droit international, qu'il peut faire valoir directement à l'encontre de l'Etat. Il bénéficie donc d'un cadre juridique qui lui est particulièrement favorable. Les quelque trois mille traités d'investissement en vigueur comportent des obligations pour les Etats à l'égard de l'investisseur étranger sans réciproque. De même, sur le fondement de ces instruments, le développement exponentiel du contentieux arbitral mixte a mis en lumière un certain nombre de déséquilibres, parmi lesquels le fait que l'investisseur soit systématiquement en position de demandeur et l'Etat en défense. Dans ce contexte très favorable à l'investisseur étranger, il apparait, de manière de plus en plus visible, que l'Etat n'est pas le seul à qui l'on pourrait reprocher ses comportements. Il n'est pas rare de voir des investisseurs (souvent des entreprises dont l'envergure dépasse le simple territoire national) mis en cause pour leurs comportements qui heurtent la conscience. L'investisseur, s'il enfreint les règles nationales en vigueur dans l'Etat dans lequel il réalise son investissement, peut évidemment voir sa responsabilité civile (voire pénale) engagée dans cet Etat. Il semblerait toutefois que l'ordre juridique interne ne soit pas le seul (et pas le plus approprié ?) à pouvoir prétendre régir les agissements des investisseurs. Ce constat résulte du développement continuel de certains domaines du droit international, et en particulier des droits de l'Homme et du droit de l'environnement, dont on se demande s'ils s'appliquent aux investisseurs étrangers. Mais dès lors une première cause d'interrogations surgit : comment le droit international des investissements est-il en mesure de sanctionner le comportement des investisseurs alors que sa philosophie et son histoire, qui se retrouvent dans les règles qu'il prévoit, sont animées par une logique tournée vers sa protection ?