Thèse en cours

L'homme augmenté. Analyse épistémologique des normativités contemporaines sur le sujet humain

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Auteur / Autrice : Jessy Govignon
Direction : Florence Bellivier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 14/12/2017
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en Droit Public

Mots clés

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Résumé

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Le transhumanisme fait depuis plusieurs années l'objet d'une attention croissante, tant dans le cadre de la recherche universitaire que dans des ouvrages à destination du grand public. Ce mouvement de pensée polarise et interroge notre perception de l'espèce humaine et de notre nature. Ce mouvement est multiple et les revendications des transhumanistes sont nombreuses et variées. Les adhésions et oppositions au(x) transhumanisme(s) reposent sur des arguments dont la pertinence doit être analysée. S'agit-il d'une forme contemporaine et libérale d'eugénisme ? Pouvons-nous identifier une continuité ou une rupture entre le transhumanisme et la tradition humaniste ? Peut-on et doit-on pouvoir tout faire de son corps ? Y a-t-il une limite infranchissable dans la liberté à l'égard de notre propre corps ? Les problématiques posées par les transhumanistes intéressent la réflexion juridique et les pouvoirs publics dans la détermination de l'obligatoire, du possible et de l'interdit sur le corps humain. L'élaboration de normes juridiques prohibant ou accompagnant les dérives potentielles des pratiques transhumanistes interroge également les valeurs que le droit entend protéger. Ce travail de recherche examine les principales revendications des mouvements transhumanistes au regard des textes de droit positif français et de ses valeurs sous-jacentes. L'ambition de cette étude est double. D'une part, elle vise à questionner l'éventuelle compatibilité de ces revendications à l'égard des textes et principes juridiques relatifs au droit de la bioéthique. D'autre part, cet examen entraine une réflexion sur le rôle de l'Etat, de la communauté juridique et scientifique dans la qualification du pouvoir applicable sur la personne humaine. La perception transhumaniste des notions de conscience, d'intelligence et de sensibilité semble inscrire une rupture dans la conception du sujet humain. Celle-ci se fonde notamment sur des principes issus de la cybernétique élaborés à la fin de la seconde guerre mondiale. Contraints par les limitations inhérentes de leur corps, les hommes devraient ainsi prendre le contrôle de leur destinée physique et psychique, afin de perpétuer l'œuvre de perfectibilité de l'espèce humaine et d'assurer sa survie dans un environnement se dégradant. Ce travail se fonde sur une approche transversale et questionne les modalités de transfert de concepts entre le droit et les sciences de la vie. De tels transferts ne sont pas inédits dans la réflexion juridique : cela implique une mise en perspective historique sur les moments de croisements de la réflexion juridique et scientifique. Le corps humain a longtemps servi de métaphore pour penser l'Etat et les limites de son action. Notre conception du corps, symbole puissant d'unité, d'harmonie et de cohérence se modifie pourtant au gré des évolutions scientifiques et techniques. L'hybridité croissante du corps humain notamment avec des objets (prothèses, puces etc.) tend à faire évoluer notre perception unitaire et sacrée du corps. La métaphore organique ayant pour partie permis de penser l'Etat ne pourrait-elle pas être renversée ? L'imaginaire du corps augmenté, hybridé voire démembré ne serait-il pas le reflet -métaphorique- des mutations contemporaines de l'Etat ? La réflexion au sujet du transhumanisme actualise sous un angle singulier, les raisonnements sur les rapports entre l'individuel et le collectif, le sujet et l'objet, la liberté et l'égalité.