Changer de vie : une étude sur les bifurcations descendantes et la critique des formes de vie
Auteur / Autrice : | Anne Goullet de Rugy |
Direction : | Christian Laval |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 25/11/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004_...) |
Jury : | Président / Présidente : Saskia Cousin |
Examinateurs / Examinatrices : Christian Laval, Saskia Cousin, Vincent Chabault, Laurent Jeanpierre, Flora Bajard, Pierre Sauvêtre | |
Rapporteur / Rapporteuse : Vincent Chabault, Laurent Jeanpierre |
Résumé
Cette thèse traite des « bifurcations descendantes », c’est-à-dire des changements d’emploi intentionnels avec baisse de revenu, et les analyses, selon une approche sociologique pragmatique et compréhensive à partir d’une enquête par entretiens biographiques. Elle suit leur déroulement, les conditions sociales de leur réalisation, les registres de justification mobilisés et examine leur portée critique. Le processus critique à l’œuvre dans les bifurcations descendantes concerne principalement le travail, la hiérarchie sociale et institutionnelle des professions, plus que la consommation. Le changement professionnel et la réduction de la consommation sont justifiés par une grammaire marchande, celle de l’arbitrage et de la recherche de l’intérêt individuel, combinée à une grammaire civique se référant à la justice et au respect de la nature. Finalement, la critique porte sur une représentation économiciste de l’intérêt, du travail et des formes de vie dans laquelle la consommation est une fin et le travail réduit à un moyen pourvoyeur de richesses matérielles. Elle se manifeste sous la forme d’une désapprobation du pouvoir de l’argent, de la recherche constante de rentabilité, de l’exploitation de l’homme et de la nature et des nuisances générées par la production et suscite un mouvement de sortie (exit) de certains emplois. La politisation de cette défection est très variable. L’exit s’articule avec deux autres types de réaction au mécontentement : la prise de parole (voice) par la revendication de formes de vie alternatives et l’apathie non comme passivité mais comme critique silencieuse, peu politisée. Cette hybridation entre les catégories exit, voice et apathy pensées par Hirschman comme alternatives, invite à repenser les liens entre le faire et le dire politiques.