Lire à la Cour de Versailles (1682-1789)
Auteur / Autrice : | Emily Ledoux |
Direction : | Nicolas Schapira |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire des mondes modernes |
Date : | Inscription en doctorat le 28/09/2018 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire médiévale et moderne |
Mots clés
Résumé
La cour de Versailles est d'ordinaire plutôt associée aux grands rituels et aux joutes orales des courtisans, mais c'était aussi un lieu peuplé de livres et de lecteurs. Cette recherche explore toutes les dimensions de cette présence : du commerce du livre - et à la surveillance dont il faisait l'objet - jusqu'au cérémonial curial où la lecture avait sa place. Cette étude s'intéresse en particulier à tous ceux qui faisaient vivre le livre dans l'enceinte curiale et qui vivaient de lui : lecteurs du roi, bibliothécaires, libraires... Elle vise ainsi une histoire des usages du livre et de l'imprimé à la cour. Lorsqu'en 1682, Louis XIV décide d'installer sa résidence à Versailles et par conséquent la cour, c'est toute une nouvelle ville qui est créée à proximité immédiate du pouvoir royal. En parallèle de cette urbanisation, une vie économique s'organise progressivement, avec l'installation de commerces de toutes sortes dont des librairies, aux alentours mais également au sein même du palais. Par cette étude, il s'agit ainsi, tout d'abord, d'analyser la cour en tant que lieu où s'exerce le commerce des livres, de déterminer les spécificités propres à ce commerce - en raison même de son espace d'implantation - et d'interroger l'activité des libraires et des colporteurs dans un siècle où les ouvrages, imprimés ou manuscrits, diffusent des idées controversées sur la religion, les murs et le gouvernement, en dépit même de la volonté de contrôle du livre par le pouvoir. Dans un second temps, cette recherche entend saisir la cour en tant qu'institution monarchique où se distribuent honneurs et faveurs et où l'obtention d'une charge, offrant une proximité avec le roi, est convoitée. S'il importe de définir les trajectoires et les fonctions des intermédiaires culturels que sont les lecteurs, les lectrices ou encore les bibliothécaires attachés aux membres de la famille royale, il est question aussi d'examiner les objectifs qu'ils poursuivent, d'évaluer les stratégies qu'ils mettent en uvre et de renseigner les réseaux qu'ils parviennent à mobiliser afin de consolider leur situation sociale, politique ou économique. Il semble nécessaire, sur ce point, de faire transparaître la singularisation des parcours selon les genres et de spécifier ce que révèle par exemple la charge de lectrice à la cour versaillaise en matière de pratiques féminines de lecture. Enfin, cette étude vise à appréhender la cour en tant qu'espace de vie du roi et de sa famille, où se produit la lecture quotidiennement. Tout au long du XVIIIe siècle, la part grandissante de cette lecture à Versailles s'incarne par l'aménagement de bibliothèques particulières, véritables espaces de travail ou d'intimité. Il s'agit de considérer plus précisément les livres qui les composent et la genèse des collections, afin de mieux saisir la fonction royale, ainsi que les motivations et les centres d'intérêts des princes, princesses et maîtresses en titre du roi. Quant aux pratiques de lecture, que ce soit devant le monarque et un large public ou dans l'intimité des petits appartements de la famille royale, il convient de déterminer leurs raisons d'être, les ambitions qui guident les lecteurs ainsi que les attentes de l'auditoire. Par ce travail se situant à la croisée de plusieurs domaines de recherche, il s'agit d'apporter un nouvel éclairage de l'objet « cour » à partir des pratiques culturelles en lien avec la lecture et les livres - et de déterminer en quoi ces pratiques sont révélatrices des usages sociaux et politiques de la France du XVIII siècle.