Thèse en cours

Chemins biodynamiques. Ritualisation et spiritualisation des pratiques agricoles dans le Comminges.

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Auteur / Autrice : Bertrande Galfre
Direction : Vanessa Manceron
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Inscription en doctorat le 15/11/2018
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'Ethnologie et de Sociologie Comparative

Résumé

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Cette thèse porte sur l'agriculture biodynamique dans la région du Comminges (Haute-Garonne, Gers, Ariège, Hautes-Pyrénées), riche d'une grande diversité d'acteurs la pratiquant : hétérogénéité des échelles (du jardin vivrier à la ferme collective certifiée), des parcours biographiques, des âges et des professions (paysan-boulanger, maraîcher, éleveur etc.). Le terrain s'articule autour d'un réseau d'inter-connaissances, l'association Vivre en Comminges, qui a monté un groupe de travail autour de la Biodynamie pour mutualiser les expériences de chacun. Aujourd'hui, l'idée de « crise écologique » prend une place grandissante dans le discours commun. Dans ce contexte vécu par certains comme celui d'un « effondrement » se sont développées une multitude d'alternatives et l'agriculture biodynamique a été largement réinvestie. En liant dialectiquement une pratique à une forme de spiritualité, le biodynamisme ouvre un espace d'expérience qui répond de façon privilégiée aux horizons d'attentes de ces acteurs, « agriculteurs natifs » comme « néo-ruraux », qui tentent de relocaliser leur utopie (Hervieu et Léger, 1983) dans une société qu'ils considèrent vouée à sa perte. Parce que la Biodynamie permet de tenir ensemble l'idée d'une agriculture et d'une spiritualité alternative par un processus de ritualisation des pratiques agricoles (dont le compost biodynamique et les différentes préparations propre à cette méthode sont paradigmatiques), cette recherche vise à interroger la manière dont la Biodynamie s'ancre dans un courant de radicalisation des modes de vie paysans, liant un engagement social et spirituel dans une dynamique rituelle où le geste est au centre. Une piste intéressante pour embrasser le sujet semble se dessiner avec l'anthropologie rituelle dans son approche relationnelle (Houseman et Severi) ainsi que l'anthropologie du geste (Jousse). Comment cerner, qualifier ce que met en jeu ce réseau de relations, entre humains et non-humains, dans lequel s'insèrent les biodynamistes dans leur tentative de ritualisation des pratiques agricole ? Dans quelle mesure cette ritualisation permet de réaliser (pratiquement) une spiritualité, pour un réseau qui prend racine dans le jardin et s'étend jusqu'au cosmos ? Cette agriculture, parce qu'elle met en œuvre une spiritualité effective, à travers un travail d'intention où le geste devient une technique, devient-elle un moyen pour des acteurs engagés de composer avec un monde et de construire, concrètement, le monde social, économique et environnemental de demain à partir de leurs fermes ?