Thèse soutenue

Mécanismes et cinétique de production d'H2 à basse température : Application au bassin de São Francisco (Brésil)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : William Carlin
Direction : Fabrice Brunet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre et de l’Environnement
Date : Soutenance le 12/06/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Pierre Beck
Examinateurs / Examinatrices : Elodie Dufornel
Rapporteurs / Rapporteuses : Manuel Muñoz, Isabelle Martinez

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Parmi les processus abiotiques, il est généralement admis que les réactions de serpentinisation génèrent les quantités d’hydrogène naturel les plus importantes. Ces réactions, et plus largement les réactions couplant l’oxydation du Fe(II) en Fe(III) et la réduction de H2O en H2, sont bien contraintes pour des températures comprises entre 200 et 400 °C. En revanche, pour des températures plus basses, les modèles thermochimiques et cinétiques sont bien moins contraints voire inexistants. Pourtant, ces réactions d’oxydo-réduction sont souvent considérées comme pertinentes pour la production d’H2 naturel en contexte de sub-surface (bassins intra-cratoniques, ophiolites etc.).Dans le bassin sédimentaire intra-cratonique de São Francisco (SF), au Brésil, de l’hydrogène a été détecté en profondeur lors d’un forage, et en surface, dans le sol, au niveau de structures circulaires appelées « cercles de fées ». Malgré des températures ne dépassant pas 100 – 150 °C dans les cinq premiers kilomètres sous le bassin, la présence d’un « système hydrogène » est supposée.L’objectif de cette thèse est de contraindre les mécanismes et les cinétiques de production d’H2 au cours de l’altération hydrothermale (T < 200 °C) de roches contenant du fer, afin d’estimer dans quelles mesures ces processus pourraient contribuer aux quantités d’H2 observées dans le bassin de SF.Ainsi, dans un premier temps, nous avons réalisé une étude expérimentale de l’altération hydrothermale de la brucite ferreuse, (Mg,Fe)(OH)2, minéral souvent invoqué quand il s’agit de production d’H2 à basse température. Nous avons donc commencé par élaborer un protocole de synthèse chimique permettant de produire une brucite ferreuse contenant environ 20% de fer ferreux. Ensuite cette brucite ferreuse a été mise à réagir avec de l’eau ultrapure dégazée, pour une gamme de température allant de 75 à 300 °C, dans trois types de réacteurs différents.Les produits solides, issus des réactions au sein de réacteurs en Teflon (fO2 intermédiaire), nous ont permis de mettre en évidence une grande réactivité de la brucite ferreuse à basse température avec, notamment, la formation d’une phase inédite de brucite ferrique, ainsi que d’hydroxydes doubles lamellaires, par des mécanismes de compensation de charges au sein des feuillets brucitiques.Les produits solides et gazeux analysés après la réaction de la brucite dans des capsules en or scellées ou des réacteurs en titane étanches (fO2 très faible) nous ont permis de i) confirmer que l’oxydation de la brucite ferreuse en conditions anoxiques produit de l’H2 même à basse température, ii) déterminer la cinétique de cette réaction, iii) corriger l’enthalpie standard de Fe(OH)2 et son entropie standard.Finalement, la dernière étape a été d’estimer le potentiel de production d’H2 des lithologies types récoltées (calcaires, BIF, dykes mafiques, et péridotites serpentinisée) dans le bassin de SF au cours de deux missions de terrain. Une série d’expériences exploratoires d’altération hydrothermale à basse température de ces roches a été réalisée. De l’H2 a été détectée à 200 °C pour les péridotites serpentinisées, et à partir de 250 °C pour les autres lithologies. Enfin, à partir de la porosité moyenne des roches du bassin (étude de diagraphies), de l’étude de ses aquifères, et d’hypothèses simples sur les volumes de ses roches sources d’H2, nous avons estimé l’ordre de grandeur des taux de production d’H2 dans le bassin de SF. Ainsi, nous évaluons les quantités d’hydrogène naturel pouvant être produites par oxydo-réduction dans le bassin de São Francisco à environ 0.2 à 2 × 109 T. La vitesse de production moyenne sur 540 Ma serait alors comprise entre 300 et 3900 kg d’H2 par an. Nos estimations sont inférieures aux estimations faites à partir des mesures d’H2 en surface dans le bassin de SF, et suggèrent la nécessité d’une accumulation de l’H2 dans un réservoir, sur plusieurs millions d’années, aux vues d’une exploitation à l’échelle industrielle.