Thèse en cours

Étude des jeux de langage du métier émergent des vigies requins: une recherche technologique en anthropologie-culturaliste

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 17/12/2024. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Vanessa Poirion
Direction : Stefano Bertone
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2019
Soutenance le 17/12/2024
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres et sciences humaines, Droit économie gestion, Sciences politiques
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Ingénierie, Recherche et Intervention, Sport, Santé et Environnement

Résumé

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L'ingénierie de formation à destination des adultes, telle qu'elle est enseignée aujourd'hui en France, connaît de profondes transformations. La loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel rend désormais possible les Actions de Formation En Situation de Travail ou AFEST (art. L6313-2 du Code du Travail). L'analyse de l'activité est une référence pour l'intervention en contexte, comme en témoignent de nombreux travaux en sciences de l'éducation et de la formation. Nous avons construit une démarche professionnelle à la fois pragmatique et compréhensive, qui nous amène à mobiliser le cadre commun d'une théorie de l'activité, dans lequel se distinguent différents courants par leur conception de la formation, de l'apprentissage et du développement professionnel. La thèse se situera notamment dans le cadre d'un programme de recherche technologique sur la formation des adultes (Bertone, 2011 ; Chaliès, 2012), mené au sein du laboratoire IRISSE (EA 4075 de l'UR) et du CREFODEP (axe de l'UMR EFTS de l'ESPE de Toulouse), dont la vocation est de produire des connaissances sur l'activité humaine en formation et au travail, afin de concevoir des dispositifs d'aide à l'attention des professionnels participants. Sollicitée en tant qu'ingénieur de formation dans le cadre d'une commande institutionnelle portant sur l'analyse de l'activité et la formation des Vigies Requins Renforcées à La Réunion, nous souhaitons ancrer ce travail de doctorat dans l'analyse de l'ingénierie de contexte (Durand, 2008) comme modalité d'étude et de conception de dispositifs de formation d'adultes. L'étude sur le métier des Vigies Requins Renforcées a été déployée dans le cadre d'un Programme de Recherche Technologique (PRT) qui se situe dans le champs de l'anthropologie culturaliste (Bertone et Chaliès, 2015) et s'inscrit dans la lignée des sciences du travail et de l'ergonomie de langue française (Clot, 2004; 2008; Wisner, 1995). Les méthodologies utilisées sont issues des sciences du travail et sont susceptibles de contribuer à l'atteinte de visées ''épistémiques'' et ''transformatives'' à la fois (Schwartz, 1997). Le travail des VRR s'inscrit dans une histoire collective qui a motivé l'émergence de nouvelles pratiques pour s'adapter à un environnement. Par aller-retour entre actions expérimentales et prescriptions relatives à la sécurité, nous avons supposé qu'une « forme de vie » professionnelle s'était construite de façon formelle, au sein d'un « jeu de langage » et d'un système de règles partagées par la communauté des VRR (notions empruntées à Wittgenstein L.). Appréhender ce domaine d'activité nécessite « de décrire les conditions qui doivent être satisfaites (…) pour que les individus disposent et emploient les critères d'intelligibilité dont ils se servent pour comprendre ce qui s'y passe » (Ogien, 2007). La question est : quelles règles régissent l'activité des VRR ? Celle-ci est d'autant plus cruciale que le métier et le système de ces règles n'est pas référencé et que les acteurs travaillent dans une situation émergente, sans référence à une culture professionnelle stabilisée. Aucune trace concrète du travail des VRR n'étant répertoriée, le cadre conceptuel des théories de l'activité nous permet d'analyser le point de vue des acteurs qui réalisent l'action de surveillance, notamment en immersion. Afin de faire émerger les lignes de force de ce nouveau métier et d'en retirer des référentiels fonctionnels pour le travail et la formation, nous avons construit notre démarche en mobilisant deux cadres théoriques : Un premier cadre théorique relevant de la clinique de l'activité permet d'analyser l'activité au travail en tenant compte de quatre dimensions du métier : personnelle (ou subjective / stylistique), interpersonnelle (ou collective / située), transpersonnelle (ou collective / générique) et impersonnelle (ou prescriptive), ainsi que les notions de « genre » et de « style » proposées en clinique du travail par Clot (1999 ; 2008). Articulée avec ce premier cadre, la théorie de l'action collective proposée par Wittgenstein (1992 ; 1996 ; 2004) permet de penser l'analyse du travail à partir de deux hypothèses théoriques : 1) L'hypothèse d'une grammaire de l'expérience professionnelle, qui pose que des systèmes de règles et des jeux de langage appris confèrent à l'action un sens qui, bien qu'énoncé par un acteur dans des circonstances expérientielles singulières, est « d'emblée publique » (Ricoeur, 1986). 2) L'hypothèse corollaire d'une « appréhension de l'inhérence » (Ogien, 2007) qui pose la possibilité pour tout acteur familiarisé avec les pratiques d'une communauté professionnelle d'accéder directement aux significations de ces pratiques et d'expliquer le sens de ses actions (ou de celles d'autrui) à partir du système de règles partagé. Ces deux hypothèses permettent de considérer « qu'il existe un régime de signification de l'action qui est à la fois d'emblée publique, parce que partagée par une communauté d'acteurs familiarisés avec les pratiques professionnelles observées, et subjectif, parce que mobilisé par tout acteur pour rendre intelligible son action et en rendre compte de façon intelligible à autrui » (Bertone et Chaliès, 2015). L'étude de l'activité située s'est appuyée sur l'observation directe du travail réalisé et sur le recours simultané à une description par les VRR de leur activité au cours d'entretiens d'auto-confrontation simple et croisée (Bertone, Chaliès et Clot 2009 ; Bertone et Chaliès 2015). Les méthodes choisies pour (a) analyser le travail des professionnels et (b) accéder à leur activité réelle doit permettre d'identifier le système de règles qui régit le métier de VRR et de concevoir une ingénierie de contexte pour le développement professionnel du collectif et la formation des futures VRR.