Thèse soutenue

Projet urbain et fabriques ordinaires de la ville. Appréhender le territoire entre acteurs, projet et habitants dans un programme de renouvellement urbain à la Réunion

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Auteur / Autrice : Tanika Join
Direction : Alain BastideLaurent Devisme
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement de l’espace et urbanisme
Date : Soutenance le 30/05/2023
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres et sciences humaines, Droit économie gestion, Sciences politiques
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de physique et d'Ingénierie mathématique pour l'énergie et l'environnement (Saint-Denis, Réunion)
Jury : Président / Présidente : Denis Martouzet
Examinateurs / Examinatrices : Armelle Choplin, Michel Watin
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Martouzet, Agnès Deboulet

Résumé

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Les villes sont des systèmes complexes sur lesquels chacun agit à son échelle. À la croisée des approches institutionnelles de la fabrique de la ville (Béal et al., 2015; Epstein, 2005, 2015) et des fabriques ordinaires qui se déploient dans les quartiers (De Certeau, 1990; Gangneux, 2018; Rosa Bonheur, 2019), j’interroge l’implication frileuse des citoyens dans les démarches de co-construction appliquées au territoire. L’hypothèse principale de ce travail étant que des conceptions figées, ancrées culturellement et historiquement, de la ville et des quartiers (Choplin & Ghorra-Gobin, 2021; Estèbe, 2020), couplées aux impératifs posés par les cadres des projets urbains régis par l’action publique, contraignent la parole des acteurs locaux et des habitants, contribuant ainsi à l’échec du dialogue. À la Réunion, le rapport à la ville s’est construit entre urbanité et ruralité, entre modernisation accélérée à partir des années 1960 et rapport de domination lié à son histoire coloniale. L’espace urbain y est imprégné des mémoires et des attachements, d’habitants qui ont vu se transformer la ville sous leurs yeux (Colin & Gervais-Lambony, 2019; Martouzet, 2014; Guérin-Pace, 2007; Guinard & Tratnjek, 2016; Istasse, 2015), sans égard pour les liens sociaux qu’ils y avaient construits (Deboulet, 2016). Appuyés par une approche issue de la sociologie pragmatique et inscrite dans la mise en œuvre d’un projet de renouvellement urbain de l’ANRU, l’immersion au sein des réunions du projet et les entretiens menés avec les acteurs et habitants qui gravitent autour de ce dernier ont permis d’identifier des révélateurs (Houdart & Thiery, 2011; Latour, 2007, 2011) de la fabrique ordinaire de la ville réunionnaise. Ils témoignent d’une fabrique urbaine au sein de laquelle les cadres opérationnels et techniques de l’action publique ne parviennent pas à considérer la pluralité des remontées du territoire, notamment celles qui sont à la fois remplies d’attachements, d’anecdotes et du vécu de chacun. Pour faire avancer le projet, acteurs et habitants en appellent à leurs cadres de références. La diversité de ces derniers, et les silos institutionnels et émotionnels dans lesquels ils sont inscrits, complexifient les dialogues entre acteurs du projet aux multiples échelles décisionnelles et les habitants du territoire en transformation.