Thèse soutenue

Les bases neurocognitives de la culture technologique cumulative : Apport de la modélisation computationnelle et de la neuroimagerie
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Auteur / Autrice : Alexandre Bluet
Direction : François OsiurakEmanuelle Reynaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 21/06/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs (Lyon) - Laboratoire d'étude des mécanismes cognitifs
Jury : Président / Présidente : Marie-Hélène Grosbras
Examinateurs / Examinatrices : Didier Puzenat
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Dezecache, Olivier Morin

Résumé

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L’accroissement de l’efficacité et de la complexité des outils au fil des générations a permis à l’humain de réussir à la fois sur le plan écologique et sur le plan démographique. Ce phénomène d’accroissement est appelé culture technologique cumulative (CTC). Bien que de la culture outillée a été observé chez les animaux non-humains, le caractère cumulatif de la CTC semble unique à l’humain. Ce constat soulève la question des origines de notre CTC.Ce travail de thèse s’est focalisé sur les bases neurocognitives de la CTC. Traditionnellement, ce sont les aspects sociaux de la cognition, notamment la théorie de l’esprit, qui sont mis en avant pour expliquer la CTC. En effet, il est suggéré que les capacités sociales humaines permettent une meilleure transmission sociale de l’information, jugée nécessaire pour permettre l’émergence de la CTC. Cependant, des études récentes utilisant le paradigme de microsociété, dans lequel plusieurs participants enchaînent les uns à la suite des autres la réalisation d’une tâche de construction d’artefact, ont montré qu’il était possible d’observer une CTC dans des conditions dépourvues d’interaction sociale. Ces résultats remettent en question la nécessité de la théorie de l’esprit pour la CTC. Une théorie récente, celle du raisonnement technique propose que cette capacité soit un bon candidat pour expliquer l’émergence de la CTC. Le raisonnement technique est défini comme la capacité à raisonner à propos des propriétés physiques des objets en termes de « lois » physiques. Le raisonnement technique permettrait à la fois de mieux comprendre les technologies et par conséquent de mieux les transmettre, mais aussi de pouvoir les améliorer et donc de faire évoluer la CTC.Les études présentées dans cette thèse réutilisent ce paradigme afin de montrer l’importance du RT dans la CTC. En effet toutes les études de ce travail de thèse incorporent les trois formes d’apprentissage social observé dans les paradigmes de microsociétés : l’enseignement, l’observation et l’ingénierie inversée. La première étude a pour but de modéliser directement le paradigme de microsociété. Il s’agit d’un modèle basé sur les individus, dans lequel des individus artificiels s’enchaînent un à un et essaient d’améliorer une technologie commune. La deuxième étude reprend le modèle de la première, et y ajoute plusieurs microsociétés en parallèles. Cette modification a pour but de créer une population artificielle et d’étudier les effets démographiques sur la CTC. Enfin, la troisième et dernière étude en imagerie par résonance magnétique s’est focalisée davantage sur les aspects neuronaux de la CTC en proposant aux participants d’observer des épisodes de construction d’outils. L’originalité principale de ce travail de thèse a été de proposer un ensemble de méthodes différentes pour étudier la CTC, et notamment la neuroimagerie. Les résultats des différentes études montrent que le raisonnement technique est au centre de la CTC. De plus, les résultats suggèrent que la théorie de l’esprit a un rôle de facilitateur de la CTC, lui permettant d’être plus stable et de ce fait de mieux se diffuser peu de temps après son émergence. En somme, cette thèse propose une réconciliation entre la théorie du raisonnement technique et celles des aspects sociaux de la cognition afin de pouvoir mieux comprendre le problème multivarié que pose la question de l’origine de la CTC.