Thèse en cours

La conception de la théologie d'Albert le Grand. Une nouvelle lecture

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Auteur / Autrice : Valerio Bonanno
Direction : Dominique PoirelAndreas SpeerKarl Ubl
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie, textes et savoirs
Date : Inscription en doctorat le 01/04/2019
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université de Cologne
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche et l'histoire des textes IRHT
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)

Mots clés

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Résumé

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Cette lecture de la théologie d'Albert le Grand se démarque, d'une certaine manière, de l'interprétation que de nombreuses études critiques, surtout dans le contexte allemand, en font jusqu'à aujourd'hui. La représentation de la théologie d'Albert ne sera pas exclusivement analysée dans le contexte de la réception de l'épistémologie aristotélicienne. Je montrerai plutôt comme le cœur de sa conception de la théologie doit plutôt être compris dans le contexte de la tradition pastorale et de ses liens avec les finalités de l'Ordre des Prêcheurs. En montrant les méthodes, les buts pratiques et les destinataires de la théologie systématique et de l'exégèse biblique chez Albert le Grande, l'accent a été mis sur la corrélation pyramidale entre les universités, les écoles cathédrales urbaines, les studia generalia et particularia jusqu'aux plus petits centres de formation en tant qu'établissements de formation, et enfin sur le lien intrinsèque entre la formation théologique et son utilité en vue de l'exercice d'activités pastorales par les clercs de paroisse, les moines mendiants et les évêques. Sur la base de certains passages du Super Sententiarum d'Albert, la double structure de la théologie universitaire (théologie systématique et exégèse biblique) a été mise en relation avec les tâches pastorales mentionnées par Paul dans sa lettre à Tite 1,9 (exhortare in doctrina sana et contradicentes revincere). Le deuxième chapitre traite d'un problème théorique auquel la recherche n'a parfois guère prêté attention. Dans le contexte de sa Summa theologiae - surtout dans le prologue et dans la sixième quaestio – Albert attribue à la théologie deux caractères explicitement exclusifs l'un de l'autre, à savoir le caractère sciendi gratia et ut boni fiamus, qui déterminent respectivement la science spéculative et la science pratique. Comment peut-on interpréter de manière cohérente les déclarations d'Albert concernant ces deux caractéristiques de la théologie ? La réponse sera suivie d'une analyse détaillée, dont l'un des objectifs sera de déterminer et d'expliquer les acteurs et les tâches de l'activité pastorale en tant que forme de théologie. Dans ce contexte j'ai démontré que Albert, tout comme dans le cas de la théologie académique, identifie et classe les tâches et les objectifs de l'activité pastorale (de la prédication et de la dispute apologétique) sur la base de Tt 1,9. Ces dernières seront liées, d'un point de vue systématique, aux deux domaines de la théologie académique et représenteront leur point de départ, qui les “conduit” vers la société. Le troisième chapitre propose une analyse détaillée de ces deux dernières tâches de la théologie. Une enquête est donc d'abord menée afin de présenter ce que l'on pourrait appeler une véritable théorie de la prédication selon Albert le Grand. Cette analyse est suivie d'une présentation de la théorie de la dispute apologétique selon Albert le Grand. Les efforts du prédicateur pour soutenir les fidèles à travers sa prédication et pour réorienter les hérétiques sur le droit chemin constituent un élément central pour qu'ils atteignent le salut. En conclusion, on a démontré comment ce modèle d'une théologie qui, à partir de la lecture et de la méditation de la Bible et à travers l'effort intellectuel et textuel de la théologie systématique et de l'exégèse biblique, atteint l'effort du prédicateur dans son activité de prédication et de dispute, peut être interprété comme un exemple clair de théologie dominicaine. Si, en effet, la culture monastique visait avant tout la recherche du progrès intérieur individuel, et que le monde des chanoines réguliers (comme les Victorins) se présente comme une figure charnière entre la recherche intérieure et l'engagement social, dans le contexte dominicain, c'est précisément l'effort dirigé vers le prochain qui représente l'élément clé du salut du frère.