Thèse soutenue

La fabrique des paysages agraires en région Centre-Val de Loire dans la longue durée

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Auteur / Autrice : Nathanaël Le Voguer
Direction : Xavier RodierSamuel Leturcq
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Archéologie
Date : Soutenance le 31/05/2024
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cités Territoires Environnement et Sociétés (Tours ; 2004-....)
Equipe de recherche : Laboratoire Archéologie et territoires (Tours)
Jury : Président / Présidente : Stéphane Rodrigues
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Schwartz, Laure Laüt
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Rendu, Philip Verhagen

Résumé

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La région Centre-Val de Loire est caractérisée par une grande variété de paysages et de modes d'occupation du sol (plateaux céréaliers de la Beauce et de la Champagne Berrichonne, zones humides de Sologne et de Brenne, vallées viticoles, etc). L'objectif de cette thèse est de comprendre la fabrique de ces paysages et d'identifier les points de convergence et de divergence à la fois spatialement et historiquement entre les différents pays composant la région. Depuis les années 2000, la multiplication des campagnes de télédétection LiDAR (Light Detection And Ranging) a ouvert la voie à de nouvelles formes d'analyse spatiale concernant les paysages et les sociétés qui les ont formés.Le corpus de thèse se compose de microreliefs agraires, visibles grâce à un Modèle Numérique de Terrain (MNT) créé par l'IGN (Institut national de l'Information Géographique et forestière) et mis à disposition au sein du Référentiel à Grande Échelle « Alti ». Une première identification de ces microreliefs a été effectuée à l'échelle régionale afin de comprendre les types de paysages que ces structures représentent. Cette première échelle d'analyse a mis en lumière la conservation de vestiges archéologiques de parcellaire dans toute la région, tant sous les forêts que les espaces aujourd'hui cultivés, sous la forme de levées, de rideaux de culture, de talus et de ruptures de pente. Dans un second temps, près de 100 000 structures ont été vectorisées au sein de la zone avec la plus forte densité de linéaments afin de proposer une étude plus fine de cet espace qui couvre notamment la Beauce et le Gâtinais occidental et qui s'étend sur près de 600 km² entre la Loire, le Loing, le Loir et l'Eure, et les limites régionales. L'approche diachronique a été privilégiée afin de traiter les structures dans la longue durée, celles-ci pouvant se former dès l'introduction des engins aratoires dans l'agriculture, c'est-à-dire dès la Protohistoire, et servant parfois encore de limite aux champs contemporains. L'étude s'est concentrée sur deux variables importantes pour caractériser ces structures, leur morphologie et leur orientation. Pour la morphologie, l'utilisation d'outils statistiques multivariés, une Analyse en Composante Principale et une Classification Ascendante Hiérarchique, ont permis d'identifier plusieurs classes réparties dans toute la zone d'étude, et notamment une classe correspondant majoritairement à des voies anciennes (antiques, médiévales, modernes et contemporaines). Pour l'orientation, l'utilisation d'outils de statistique circulaire ont permis de mesurer l'homogénéité des différents espaces ainsi que d'identifier les axes divergents par rapport à une orientation générale. Enfin, ces résultats ont été mis en contexte en les comparant à des données historiques et archéologiques, notamment issues de l'archéologie préventive, majoritairement des sites d'habitats ou des fossés parcellaire. Grâce à cette analyse, plusieurs réseaux de formation s'étendant sur des dizaines de km² et dont, pour certains, l'origine remonte probablement à l'Âge du Fer ont été identifiés dans la Beauce et le Gâtinais occidental. Ces réseaux parcellaires se sont maintenus dans le paysage pendant plus de 2000 ans, jusqu'aux grands remembrements du milieu du 20e siècle. Ces résultats permettent d'enrichir l'histoire des paysages d'openfield. Du point de vue des réseaux parcellaires et de la mise en culture des sols, le Moyen Âge et le régime agraire d'openfield apparaissent comme une transformation du paysage qui s'inscrit dans un continuum avec les paysages et les réseaux antérieurs. Ainsi, sans négliger l'existence de variations locales visibles à grande échelle, c'est la résilience qui est mise au jour comme élément central des paysages avec une transmission dans la longue durée des structures parcellaires.