Thèse en cours

Douleur chronique et auto-compassion

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Auteur / Autrice : Franck Henry
Direction : Colette Aguerre
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie
Date : Inscription en doctorat le 05/12/2019
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Qualité de vie et Santé psychologique

Résumé

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L'auto-compassion (ou « bienveillance envers soi-même ») a été définie par Kristen Neff (2003) comme « une qualité conduisant à être touché par sa propre souffrance en recherchant à s'impliquer dans la diminution de ses propres difficultés ». Selon elle, l'auto-compassion présente trois facettes, plus ou moins interdépendantes : la bonté envers soi-même (self-kindness), le sentiment d'appartenance à l'humanité commune (common humanity) et la pleine conscience (mindfulness). À ce jour, plusieurs résultats d'études suggèrent que plus la capacité à être bienveillant envers soi-même est importante, plus le niveau de bien-être psychologique en résultant est grand, et plus les capacités de résilience observées après un stress ont des chances d'être optimales (Zessin, & al., 2015). Plus précisément, l'auto-compassion aurait des effets bénéfiques sur la régulation émotionnelle, le développement d'émotions positives, la préservation de l'état de santé mentale et physique (via principalement une diminution de la propension à développer des symptômes anxio-dépressifs). Notre thèse vise à préciser les bienfaits de l'auto-compassion sur le plan de l'adaptation psychologique (coping) à la douleur physique chronique, et s'inscrit de la sorte dans la continuité d'un champ d'étude récemment investigué (Purdie & Morley, 2016). Notre travail se centrera plus précisément sur les relations unissant l'auto-compassion à différentes variables psychologiques impliquées dans l'aggravation et le retentissement fonctionnel des douleurs physiques chroniques, à savoir : la propension à l'anxiété, la tendance dépressive, le sentiment d'injustice perçue, le sentiment de honte éprouvé, la colère ressentie, le catastrophisme, la kinésiophobie, le sentiment d'auto-efficacité, les croyances cultivées envers les douleurs chroniques et les stratégies de coping (émotionnelles, cognitives et comportementales) déployées pour les auto-gérer au mieux. Nous nous intéresserons aux modes d'attachement de cette population, en partie forgés par leurs expériences passées de négligence ou de maltraitance, en vue de mieux comprendre leurs effets sur le développement ou non de l'auto-compassion. D'autre part, nous nous attendons à observer une meilleure alliance thérapeutique et une meilleure affiliation sociale chez les personnes bienveillantes envers elles-mêmes, qui tendent à réagir avec gentillesse, chaleur et sans autocritiques aux défauts et lacunes perçues en elles-mêmes lorsqu'elles expérimentent des douleurs chroniques et cherchent à les auto-gérer. De surcroît, à partir de notre expérience psychothérapeutique en centre de la douleur chronique en tant que psychologue clinicien, et d'un éclairage psychopathologique trans-diagnostique (comparaisons opérées avec d'autres populations cliniques), nous ambitionnons de mettre en évidence des leviers et des processus de changement salutairement activés par l'auto-compassion (plus grande conscientisation et acceptation de ce qui se joue, diminution des auto-critiques, défusion émotionnelle et cognitive, augmentation de la flexibilité psychologique, etc.). In fine, cela nous conduira à tester et à comparer les bienfaits de diverses approches psychothérapeutiques (cognitivo-comportementales, centrées sur les principes d'acceptation et d'engagement, la pleine conscience, le développement de la compassion, etc.) proposables à des personnes atteintes de douleurs physiques chroniques, mais aussi aux soignants en vue de les préserver de l'usure compassionnelle.