Universalité et diversité culturelle dans le développement du raisonnement et du jugement moral : un cas d'étude entre la France et le Maroc
Auteur / Autrice : | Lina Bentahila |
Direction : | Roger Fontaine, Valérie Pennequin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 05/06/2023 |
Etablissement(s) : | Tours |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Psychologie des âges de la vie et Adaptation |
Jury : | Président / Présidente : Alain Guerrien |
Rapporteurs / Rapporteuses : Colette Sabatier, Pascal Mallet |
Résumé
De nombreuses théories ont façonné le concept de morale et son évolution en l'ancrant dans le domaine des systèmes sociaux et des valeurs de chaque culture (Haidt & Joseph, 2004 ; Shweder et al., 1997). La transmission culturelle de fondements moraux construit le système moral des individus et joue alors un rôle primordial dans la prédiction du jugement et du raisonnement moral. Ce travail de recherche vise à saisir comment la culture et l'âge se combinent pour influencer conjointement la morale. Pour cela, nous avons mené une recherche interculturelle-développementale entre la France, société WEIRD, et le Maroc, société non-WEIRD, aux âges adolescent et adulte, pour rendre compte des modèles culturels de cognition morale. L'Étude 1 a permis de tester et valider le postulat de la théorie des principes moraux fondateurs de Haidt et Joseph (2004) qui souligne une vision pluraliste de la moralité. Les résultats démontrent que la culture française s'apparente à une culture individualiste et la culture marocaine s'apparente à une culture collectiviste. L'effet de l'âge au sein de chaque culture apporte des précisions quant à la structure des systèmes moraux, façonnés par l'expérience de vie dans un milieu culturel au cours d'un moment précis de l'Histoire. Ensuite, les résultats de l'Étude 2 indiquent qu'en fonction de la culture et de l'âge, les transgressions morales diffèrent. Cela montre que la structure du système moral, mais aussi l'importance qui lui est accordée, constitue une force motivationnelle qui guide différemment la prise de décision morale. En distinguant les types de dilemmes, entre un jugement moral et une intention de choix comportemental moral, nous avons vu que la prise de décision est soumise à plusieurs influences, notamment le principe moral soulevé, l'émotion, l'intérêt et la motivation personnelle et la conséquence. L'Étude 3, qui se concentre sur les justifications morales, a permis de montrer que le système de justification est sensible au contexte culturel. Grandir et développer son système moral dans une culture collectiviste qui met l'accent sur le collectif en tant qu'unité primaire de fonctionnement, conduit à un système de justification différent de celui d'une culture individualiste qui met l'accent sur les droits de l'individu. Enfin, l'Étude 4 démontre qu'en fonction de la culture et de l'âge, une sensibilité plus ou moins accrue à l'argumentation apparaît lors de la présentation de contre-arguments remettant en question les croyances morales pour trois situations ; le divorce, le suicide et l'avortement. De plus, les types d'arguments acceptés ou rejetés varient en fonction du contexte socioculturel. L'ensemble des résultats obtenus permettent de confirmer l'existence de fondements moraux, spécifiques à l'âge et la culture, pouvant être modifiés, renforcés ou supprimés. Ils composent des systèmes moraux uniques qui guident les pensées et actions morales.