Thèse en cours

Les familles les plus apparentes de Cerdagne française au XVIIIème siècle

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Auteur / Autrice : Emmanuel Peroy
Direction : Patrice Poujade
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 13/12/2016
Etablissement(s) : Perpignan
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale INTER-MED (Perpignan ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : FRAMESPA- France, Amériques, Espagne-Sociétés, pouvoirs, acteurs

Mots clés

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Résumé

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En 1659, le traité des Pyrénées rattache la province du Roussillon à la France. La Cerdagne, petite dépression entourée de tous côtés par les Pyrénées est divisée en deux : 33 villages confrontant à l'est le Conflent voisin sont ainsi rattachés à la France, le reste, dont les deux villes, Puigcerdà et Llívia, restant espagnol. Cette viguerie de la Cerdagne française forme alors un microcosme particulier entre France et Espagne, pays tour à tour ennemis puis amis, avant et après l'arrivée d'un Bourbon sur le trône espagnol. Même si les habitants sont maintenant des Français, ils n'en restent pas moins Catalans et Cerdans. La frontière ne les empêchera pas de continuer à avoir des relations avec le reste de la Cerdagne voisine. Les familles continuent de se rencontrer, de se marier, de commercer avec le voisin espagnol. D'ailleurs la frontière exacte ne sera bornée qu'à la fin du XIXe siècle, suite à la signature du traité de Bayonne en 1866. Parmi ces habitants, certains émergent car présents dans tous les documents rencontrés sur la période et sur la région. Les « plus apparents » le sont en raison de leurs fonctions ou de leurs actions : viguiers, hommes de loi, notaires, nobles ou seigneurs, ils sont partout et marquent la région par leur présence et leurs actions tant pour la communauté que pour eux-mêmes. Ils représentent ce que l'on pourrait appeler des élites rurales d'après la définition donnée par François Menant et Jean-Pierre Jessenne : « groupe social intermédiaire […] entre la paysannerie d'une part, et d'autre part l'aristocratie, ou plus largement les seigneurs et autres propriétaires d'une certaine envergure, généralement non exploitants et non résidents, les citadins notamment. Les élites rurales comprennent ainsi à la fois des agriculteurs aisés et des petits notables, marchands, notaires, agents seigneuriaux, curés ou aubergistes. » En fait, il s'agit de « tous ceux qui, tout en faisant partie intégrante de la société rurale, la dominent, l'encadrent, exploitent la force de travail et le besoin de ses membres moins bien placés, et assurent ses contacts avec le monde extérieur, à la fois comme agents de celui-ci – tout particulièrement agents de prélèvement – et comme représentants des paysans. » Tous pagesos (propriétaires fonciers), ils jouent un rôle important dans l'économie rurale de cette région de montagne. Ils vendent, achètent, transmettent leurs terres et leurs biens. Plus ou moins liés au pouvoir en place, ils semblent avoir passé le siècle sans trop de dommage. Cette nouvelle frontière qu'on leur a imposée ne paraît guère les gêner. Les familles s'allient, s'unissent, se désunissent, au gré des alliances matrimoniales et des conflits interfamiliaux. Certains, habitant essentiellement Mont-Louis, sont marchands. Nous étudierons donc avec toute la précision possible ces familles. Pourquoi les rencontre-t-on toujours dans les documents d'archives ? Quels rôles, politique, économique et social, ont-elles vraiment joués dans cette région frontalière de montagne ? Quelles relations avaient-elles les unes envers les autres ? Quels intérêts ont-elles défendus : l'intérêt de la communauté ou leurs intérêts particuliers ? Leur mode de vie a-t-il évolué tout au long du siècle, et si oui, comment ? Pour répondre à toutes ces interrogations, nous nous appuierons sur les recherches déjà entreprises pour le mémoire de maîtrise (soutenu en 1994 à l'université de Perpignan) et pour nos premières années de préparation de cette thèse (D.E.A. soutenu à Montpellier en 1995), recherches que nous complèterons bien évidemment au fur et à mesure de l'avancement de nos travaux par d'autres documents d'archives publiques et/ou privées situées à Perpignan ou en Cerdagne (Arxiu Comarcal de Cerdanya à Puigcerdà notamment). L'un des buts que nous nous fixons sera bien de faire un travail complémentaire aux deux thèses qui existent déjà sur la Cerdagne à cette période . Peter Sahlins a étudié la Cerdagne sous le prisme de la frontière et de l'identité nationale. Marc Conesa s'est intéressé, sur cinq siècles, aux relations nouées et entretenues par les individus, les maisons, les communautés de Cerdagne des deux côtés de la frontière, en particulier à partir de la ville de Puigcerdà. Nous nous proposons d'étudier plus particulièrement les familles qui ont marqué la partie française de la Cerdagne au XVIIIe siècle : leurs relations, leur importance dans cette région nouvellement française, leurs liens avec la Cerdagne espagnole, l'impact du traité des Pyrénées sur les relations autour de cette frontière non encore délimitée avec précision. Ce travail s'inscrit parfaitement dans les objectifs de travail de l'axe Acteurs, Sociétés, Territoires du CRESEM : « Les chercheurs de l'axe travaillent donc sur les interactions entre les acteurs, les sociétés et les territoires. L'hypothèse fondamentale est de considérer l'acteur (ou les acteurs) comme pivot(s) de la société, de questionner sa (leur) capacité d'agir, ses (leurs) relations, l'organisation des rapports de forces entre groupes (groupes sociaux ou familiaux, institutions, etc.) et entre individus afin de sortir d'une image statique des sociétés, aussi bien en synchronie qu'en diachronie. »