Thèse en cours

Violence d'État et représentations de la violence dans l'Uruguay contemporain : le cas du Mouvement de Libération Nationale - Tupamaros (1968-2021).
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Auteur / Autrice : Emilie Leroux
Direction : Victorien Lavou
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Etudes ibériques et latino-américaines
Date : Inscription en doctorat le 30/09/2019
Etablissement(s) : Perpignan
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale INTER-MED
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées (Perpignan)

Résumé

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La recherche envisagée portera sur le Cône Sud en général et sur l'Uruguay en particulier. En effet, si les faits de violence d'Etat ont été largement sous les feux de la rampe nationale, transnationale et internationale pour ce qui est de l'Argentine et du Chili, il n'en va pas forcément de même pour l'Uruguay. D'où le choix de privilégier dans ce travail ce pays. Cela dit, les enjeux sociopolitiques et citoyens liés à la violence d'Etat, principalement, mais aussi à d'autres formes de violence, dans le Cône Sud, dans la période retenue, actualise et potentialise, une hypothèse qui peut être largement soutenue, ceux des autres régions de l'Amérique latine (Amérique Centrale et Caraïbe) : dictatures, pouvoirs autoritaires, mise en pratique d'une nécro-politique, lutte anti-communiste, subversion politique de gauche, démocratisation politique partielle, dépendance économique néolibérale, inégalités sociales marquées, émergence et consolidation d'une opinion publique, revendications de justice mémorielle, nouvelles formes de violence (gangs de rue, narcotrafic, narco-guérilla, escadrons de la mort liés au narco trafic ou à l'Etat, etc.). Le travail devra logiquement s'attacher à proposer une contextualisation fine, rigoureuse et pertinente de ces enjeux, de leurs conséquences sociales ainsi que de leur portée politique et symbolique. Pour ce qui est de l'Uruguay, on constate que la question des mémoires liées à la violence d'Etat reste encore très vive. Aujourd'hui, à quarante-cinq ans du coup d'état qui marqua le début de la dictature militaire, la mémoire du conflit se fait jour, tant bien que mal. Alors que les prisons ont, pour beaucoup, continué à fonctionner après la libération des prisonniers du régime dictatorial, la société ne demanda pas, dans un premier temps, leur transformation en « lieu de mémoire ». Aujourd'hui, nous pouvons constater, après des années de silence, un retour des mémoires de la dictature sur le devant de la scène. Ce conflit qui opposa militaires et groupes militants de gauche fit de nombreuses victimes et de nombreux prisonniers parmi lesquels des membres du Mouvement de Libération National-Tupamaros dont l'actuel discours sur le conflit mérite d'être étudié. Quelques-uns des sujets furent emprisonnés avant le coup d'état et vécurent près de treize ans emprisonnés. Les témoignages publiés depuis le début des années 2000 par certains anciens prisonniers, membres des Tupamaros, reviennent 15 ans plus tard sur l'expérience de leur incarcération. La distance relative entre moment d'écriture et expérience vécue permet donc d'adopter un nouveau point de vue sur le conflit. Elle permet aussi d'éclairer l'actualité de la question mémorielle afin de chercher à proposer une histoire de ce conflit moins orientée que celle proposée par le pouvoir. Ces publications soulèvent de nombreuses questions tant au niveau de leur forme qu'à propos de leurs auteurs et des motivations qui les poussèrent à témoigner ouvertement de leur expérience. Le corpus à étudier devra être congruent et exhaustif. Il devra mettre l'accent sur la démarche mémorielle des anciens prisonniers, mais aussi des témoins, (« commissions de vérité ») ainsi que les formes d'expression spécifiques rattachée à cette démarche. Le travail tel qu'il est envisagé devra nécessairement être interdisciplinaire. Il doit, de ce point de vue, mettre à profit les compétences critiques et les démarches méthodologiques éprouvées dans les études littéraires et culturelles, en l'histoire politique, en sociologie des conflits, en analyses des médias. Il reposera la question de la « pacification » (impossible ?) des sociétés latino-américaines en général et de celles du Cône Sud en particulier. Il mettra par ailleurs l'accent sur la capacité et la force d'élucidation des objets symboliques, leur rapport à la vérité historique, notamment dans des contextes où la violence d'Etat s'exerce de manière systématique. La thèse qui devra être soutenue pendant la durée de l'allocation doctorale ; elle fera par la suite, après les modifications et corrections éventuelles, l'objet d'une expertise internationale pouvant déboucher sur la proposition de publication de tout ou parties du travail dans les revues spécialisées ou aux Presses Universitaires de l'UPVD.