Thèse soutenue

Le prototype défait : Superphénix, des glissements de la promesse technoscientifique aux épreuves de la « démocratie technique »
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Auteur / Autrice : Claire Le Renard
Direction : Pierre-Benoît Joly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 06/12/2021
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LISIS - Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés
Jury : Président / Présidente : Olivier Borraz
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Borraz, Madeleine Akrich, Bruno J. Strasser, Bernadette Bensaude-Vincent
Rapporteurs / Rapporteuses : Madeleine Akrich, Bruno J. Strasser

Résumé

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Inscrite dans la sociologie des innovations, cette thèse s’attache à une « désinnovation » : l’arrêt anticipé de Superphénix, « prototype à l'échelle industrielle » d’une technologie nucléaire spécifique. A partir d’une enquête par entretiens et sur archives, la thèse montre que l’arrêt de Superphénix, en 1997, a été rendu possible par sa requalification comme installation de recherche, en 1992. L’enquête porte sur un objet triple : le prototype Superphénix, le projet d’industrialisation de la technologie des réacteurs à neutrons rapides, et le cadre institutionnel des décisions autour du nucléaire. Cette technologie est spécifique au sein des « filières » électronucléaires car elle est liée à un horizon d’abondance énergétique grâce à la « surgénération » de combustible : dans l’imaginaire sociotechnique de ses promoteurs (resté pérenne de l’après-guerre aux années 2000), elle constitue la réponse à une crise énergétique future. Le cadre de l’économie de la promesse technoscientifique permet d’analyser la manière dont les promoteurs du projet ont assemblé les ressources pour son développement, avec une ambition commerciale. L’enquête porte tout autant sur la décision de faire ce prototype, que sur la décision de le défaire. De manière symétrique en 1976 et en 1997, les deux décisions gouvernementales doivent se comprendre dans un continuum de décisions, inscrites dans les sentiers de développement scientifiques et technologiques, et dans des institutions multiples. L’analyse s’attache aux jeux de qualifications du « prototype à l'échelle industrielle », une définition laissant place à une grande latitude d'interprétations. L’attention à ce qui est inscrit dans la définition du prototype ouvre une réflexion sur l’innovation par prototypes et démonstrateurs. L’étude de la controverse interne aux organisations du nucléaire permet de travailler les interprétations diverses des incertitudes scientifiques, techniques, économiques autour du prototype. Il s’agit d’aborder ce projet à la fois comme une innovation controversée, et comme un grand projet national, suivi au plus haut niveau de l’Etat, en articulant les cadres théoriques pertinents (STS coproductionnistes, sociologie de l’action publique). La longue durée de tels projets rend importante la temporalité et la périodisation, travaillée sous l’angle de l’imaginaire sociotechnique et de l’économie de la promesse technologique, concepts avec lesquels on met en relation la matérialité et les (re-)qualifications du prototype.