La corruption : les enjeux du gouvernement électronique et du New Public Management, le cas du Liban
Auteur / Autrice : | Joseph Raad |
Direction : | Faouzi Bensebaa |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Inscription en doctorat le 05/11/2019 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | 401 "Sciences sociales" |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire d'économie dionysien |
Mots clés
Résumé
Le 17 octobre 2019 une révolte populaire éclate dans les rues de Beyrouth, la cause principale étant la corruption des responsables politiques provoquant une dégradation économique et sociale du pays sans précédent. Le 17 mars 2019 le président de la République libanaise, lors du lancement de la campagne nationale pour la relance économique regroupant tous les responsables du pays et les partis politiques, affirme que : « Le combat contre la corruption a été lancé et que personne ne pourra user de son immunité dans le cadre de la lutte contre la corruption, toute personne accusée de corruption devra obligatoirement se présenter devant la justice ». En parallèle, les arrestations et les enquêtes se multiplient: •Dans le secteur judiciaire, 20 juges et 5 assistants judiciaires sont impliqués dans des affaires de pots-de-vin et de falsification de dossiers pénaux, dont un juge qui a été démis de son poste suite à la décision et au jugement de la commission d’enquête judiciaire. •Au niveau des responsables sécuritaires, 4 officiers (dont un colonel hautement placé) ainsi que 11 membres des Forces de Sécurité Intérieure furent arrêtés pour des crimes de contrefaçon de monnaie, de trafic d’êtres humains et d’assistance d’évasion de détenus. •Le directeur général du ministère des Finances, lors d’une conférence de presse, dénonce l’ancien ministre des Finances (pour la période 2002-2004) et l’accuse de supprimer la fonction du directeur général, en le court-circuitant avec des conseillers personnels et de l’empêcher de reconstituer les comptes nationaux. Les comptes publics reconstitués des années 1993 à 2017 ont été transmis à la Cour des comptes et comportaient d’importants blancs (dépenses sans traçabilité) sur différentes périodes et années ; des subventions ont été dépensées sans contrôle, des ordres de présidents ont été donnés en infraction avec la loi, des chèques n'ont pas été encaissés et des transferts financiers ont été manipulés. Dans ce même contexte un député demande publiquement à l’ancien ministre des finances de rendre compte de sa gestion financière entre 2006 et 2009, période durant laquelle l’État libanais a dépensé plus de 11 milliards de dollars « sans justificatifs », selon le député qui avait demandé au procureur financier de se saisir du dossier. Le Liban occupe le 138ème rang sur 180 pays au classement 2018 de l’indice de perception de la corruption, publié dans le rapport annuel de l’ONG Transparency International (TI). Selon TI : ''Au Liban, les récentes élections législatives (mai 2018) ont suscité des inquiétudes quant au financement des partis politiques et à la mauvaise gestion du processus électoral''. ''La corruption politique et les conflits d’intérêts demeurent parmi les principaux obstacles à toute amélioration au Liban, poursuit-elle. Le cadre juridique du pays et la réglementation en matière de financement des partis politiques ne comportent pas certains éléments essentiels, notamment des normes de transparence et de responsabilité''. Fin mars 2019, le ministre de la Réforme administrative soumet au Conseil des ministres la « Stratégie nationale de la lutte contre la corruption » pour être étudiée et approuvée. Ce même ministère avait soumis auparavant 2 stratégies dont l’un des objectifs principaux visait la lutte contre la corruption. En 2008, « La Stratégie nationale de gouvernement électronique au Liban » et auparavant, en 2001, « La Stratégie de la réforme et du développement de l’administration publique » reposant sur des pratiques fondées sur la performance et le résultat, en d’autres termes une stratégie orientée vers le New Public Management (NPM). Une question peut alors se poser : le gouvernement électronique et le New Public Management peuvent-ils contribuer à faire face à la corruption au Liban ? Pour analyser la situation, nous mobiliserons, sur un plan théorique, les approches du phénomène de la corruption et celle de l’e-gouvernement comme moyen de réduction de la corruption, ainsi que le concept du New Public Management.