Le tournant exégétique néokantien dans le conflit des interprétations de Kant. Le début philosophique de Hermann Cohen
Auteur / Autrice : | Eugenio Pennetta |
Direction : | Dominique Pradelle, Marco Brusotti |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 11/12/2019 Soutenance le 17/02/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université en cotutelle avec Università del Salento |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Métaphysique : histoires, transformations, actualité (Paris ; 2002-....) |
Mots clés
Résumé
Parmi les études critiques sur Kant les plus célèbres, la contribution de Hermann Cohen se révèle certainement comme l’une de plus inédites, sa tâche de refondation de l’a priori ayant inauguré un nouvel horizon dans l’histoire des études sur le philosophe de Königsberg: notamment, l’interprétation de Kant, pour Cohen, ne constitue pas simplement le résultat d’un intérêt, borné à la reconstruction historique et abstraite, mais elle assume une tâche heuristique plus étendue, qui concerne directement le destin même de la discipline philosophique : ce qui se traduit, notamment, dans le célèbre mouvement de «retour à Kant», dont la tâche capitale consistait à sauvegarder l’essence et la signification de la pure spéculation du discrédit dans lequel elle était tombée, suite à l’appropriation de la totalité de l’étant par les sciences. Ainsi, le transcendantal, chargé, chez le philosophe des lumières, de saisir les conditions de possibilités de notre connaissance de l’objet, à partir desquelles instituer le fondement de la validité objective des choses, devient, chez Cohen, la méthode ouvertement antipsychologiste, censée discipliner la Erkenntniskritik, la critique de la connaissance, qui adopte, en tant que telle, comme ses propres objets, des faits scientifiques. Si, donc, les résultats de l’œuvre exégétique de Cohen ont marqué un tournant incontestable dans la compréhension de la philosophie systématique de Kant, telle qu’elle a été fondée et définie dans les trois Critiques, pour ce qui concerne son travail herméneutique, titré Die systematischen Begriffe in Kants vorkritischen Schriften nach ihrem Verhältniss zum kritischen Idealismus, où les écrits précritiques de Kant sont soumis à un examen exégétique dans leurs rapports au système transcendantal, on ne trouve que très rarement des considérations satisfaisantes. S’il est possible de considérer l’écrit d’Habilitation de Cohen en tant que supplément à la première édition de la Kants Theorie der Erfahrung, puisqu’il s’y réfère plusieurs fois, afin de distinguer, dans les écrits précritiques, les concepts systématiques de ceux simplement rhapsodiques, néanmoins, la méthode qu’il emploie dans ce travail herméneutique représente une concrète nouveauté, si l’on considère, au niveau formel, la manière de conduire l’enquête philosophique sur un tel sujet, soit, au niveau des contenus, le profit spéculatif pour la compréhension de la doctrine kantienne, étant donné que notre auteur vise à démontrer quelle relation les écrit antérieurs et successives à 1781 entretiennent entre eux. Face à ces considérations, il s'est révélé au moins légitime de soulever des questions d’ordre heuristiques : pourquoi, en effet, l'enquête de Cohen sur les œuvres précritiques de Kant est-elle généralement négligée par la critique majeure ? Y-a-t-il une raison, qu’il faut attribuer au type de sujet traité, qui ne suscite pas l'intérêt souhaité, si considéré par rapport à la philosophie transcendantale, ou bien cet ouvrage ne porte-il pas d'éléments innovateurs et originaux, dignes d’aucune étude approfondie ? Ce n'est qu'après un renseignement des éléments fondamentaux de l'interprétation cohenienne du système de Kant que nous serons en mesure, d’après la même indication de notre auteur, de distinguer, dans les écrits précritiques, des traces de proximité avec le système transcendantal, et déterminer, ainsi, s’il est possible de répondre avec notre thèse à la problématique, qu’on a soulevé au tout début de notre travail, et reconnaître une véritable dignité scientifique à l’écrit d’habilitation de Cohen.