Thèse soutenue

Des sources aux dépôts de particules fines émises par le trafic routier : quels sont les apports et les limites du magnétisme environnemental ?

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Auteur / Autrice : Sarah Letaïef
Direction : Pierre Camps
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géosciences
Date : Soutenance le 09/12/2022
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Géosciences (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Jean-François Ritz
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Camps, Jean-François Ritz, Matthias Beekmann, Stuart Gilder, Claire Carvallo, Christine Franke, Jean-François Léon
Rapporteurs / Rapporteuses : Matthias Beekmann, Stuart Gilder

Résumé

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La surveillance et la mitigation de la pollution de l’air sont devenues des problématiques publiques et politiques prioritaires. Selon les normes de l’Union Européenne, les PM sont mesurées en µm/m3. Une mesure qui n’est pas sensible à la présence des plus fines étant donné leurs faibles masses, alors qu’elles sont plus nombreuses et nocives. C’est pourquoi, une approche non-conventionnelle et alternative basée sur le magnétisme environnemental offre une excellente opportunité de détecter les particules les plus fines. Cette approche consiste à mesurer les propriétés magnétiques des surfaces accumulatrices après qu’elles aient été exposés à un air pollué. Elle permet une cartographie locale des dépôts de polluants intégré sur le temps d’exposition. Mais jusqu’où peut aller cette méthode en termes de surveillance de la qualité de l’air ? Le premier volet de ma thèse a permis d’évaluer le potentiel de la cartographie magnétique réalisée aux abords d’une autoroute en comparant ses résultats avec ceux d’un modèle numérique de dispersion des polluants (CFD). Ce dernier prend en compte le moment de vitesse et la turbulence induits par le trafic, ce qui est rarement fait dans ce genre d’approche. La cartographie du paramètre magnétique exposait une asymétrie des dépôts de polluants, où le maximum était localisé sous le vent. Cette observation surprenante a été confirmée par le modèle numérique qui prédisait à cet endroit un courant de recirculation dû à la présence d’un mur anti-bruit. Cette étude a permis de valider la cartographie magnétique des polluants en exprimant les valeurs en variation relative afin d’isoler la source de PM que l’on veut étudier. Le deuxième volet fut l’occasion d’examiner si le magnétisme pouvait être utilisé dans une étude de science citoyenne et jusqu’à quel point des données non-conventionnelles pouvaient servir de levier à la décision politique dans une rue canyon de Montpellier. Finalement, la surveillance magnétique de la qualité de l’air semble être promue pour les études citoyennes en apportant des données de haute résolution à l’échelle de la rue et peut être également perçue comme une alternative ou un complément aux techniques de surveillance conventionnelles.Le troisième volet s’intéresse de manière plus fondamentale à ce que l’on est capable de mesurer avec le magnétisme puisque que tous les polluants ne sont pas nécessairement magnétiques. Pour cela, j’ai caractérisé magnétiquement les différentes sources provenant du trafic. En combinant les techniques, je peux dire aujourd’hui que les paramètres magnétiques ont un réel potentiel pour discriminer les différentes sources d’émission de polluants. Finalement, aux vues du nombre important d’échantillons, de leurs hétérogénéités et des nombreuses analyses magnétiques effectuées, je n’ai pas été capable de comparer directement les propriétés magnétiques des sources avec celles mesurées sur les surfaces accumulatrices. Ainsi, j’ai utilisé le Machine Learning avec un algorithme du k-nearest neighbor pour classifier les sources en plusieurs catégories selon leurs paramètres magnétiques et prédire la principale source magnétique de PM mesurée sur les surfaces accumulatrices. Le dernier volet traite de la mitigation de la pollution de l’air par des barrières végétales. Aujourd’hui il n’y a pas encore de consensus clair : certains affirment leurs capacités à extraire ces polluants de l’air et d’autres soulignent la gêne qu’ils occasionnent à la dispersion des polluants. À l’aide d’un tunnel à vent expérimental « fait maison », nous avons réalisé plusieurs expériences en injectant du diesel sur différentes espèces végétales endémiques du sud de la France pour calculer leurs vitesses de dépôt. Ce paramètre permet de contraindre les modèles sur l’effet des végétaux sur la captation ou dispersion des polluants. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé de corrélation entre ces données et les mesures magnétiques réalisées sur les feuilles des haies.