Comprendre le phénomène d'Extension des limites et mise en évidence de certaines limites

Understanding the boundary extension phenomenon and highlighting certain limits

• Auteur / Autrice : Florence Gaudouin
• Direction : André Didierjean, Emmanuelle Menetrier
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Psychologie
• Date : Inscription en doctorat le 25/11/2019
• Etablissement(s) : Besançon, Université Marie et Louis Pasteur
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de Psychologie
• Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)

Mots clés

Mots clés libres

Extension des limites

Perception de scène

Mémoire visuospatiale

Traitement attentionnel

Mémoire des détails

Emotions

Boundary extension

Scene perception

Visuospatial memory

Attentional processing

Memory for details

Emotions

Résumé

Lorsque nous regardons une scène visuelle (par exemple une photographie), la trace mnésique construite par notre système cognitif est différente de la scène originale sur de nombreuses dimensions. Intraub et Richardson (1989) ont ainsi mis en évidence l'apparition d'un phénomène particulier de distorsion de la mémoire visuo-spatiale suite à la perception de scènes visuelles : son enrichissement. Ces auteurs ont appelé ce phénomène « Extension des limites » (Boundary Extension, BE). Cet effet est caractérisé par une tendance à élargir la structure spatiale de la scène perçue, celle-ci contenant des éléments non présents dans la scène d'origine mais dont l'existence à l'extérieur du cadre est probable. L'effet de BE aurait une valeur adaptative importante : la perception visuelle est constituée de saccades successives, au cours desquelles la vision est absente. Cet effet permettrait de compenser ces lacunes, pour donner un sentiment de continuité à la perception. Si de nombreuses publications ont permis de commencer à cerner les conditions dans lesquelles l'effet de BE intervient, les mécanismes sous-jacents sont encore largement méconnus. La présente thèse étudie expérimentalement certains mécanismes cognitifs en jeu dans l'effet BE et met en évidence certaines limites. Le premier chapitre présente les contraintes de la perception visuelle, et introduit le rôle de l'attention dans le guidage de la perception et l'intégration des informations. Les théories sur l'intégration visuelle et la nature des représentations mnésiques sont également abordées. Le second chapitre fait quant à lui état de la littérature des trente dernières années sur le phénomène d'extension des limites, et expose les théories susceptibles de l'expliquer. La partie expérimentale de la présente thèse débute avec le chapitre 3, qui présente une étude sur l'impact de la division de l'attention sur l'effet BE à un stade précoce de la construction de scène (c'est-à-dire, 150ms après l'apparition d'une scène visuelle). Les résultats montrent que l'attention semble importante en début de perception de scène car elle permettrait l'élaboration des représentations en mémoire. Le fait de diviser l'attention sur d'autres tâches sans rapport avec la perception de la scène semble perturber le début de construction de la scène, impactant ainsi la mise en place de l'effet BE. Le chapitre 4 présente quant à lui une recherche sur une forme de paradoxe de la mémoire visuelle : l'observation d'une excellente capacité à stocker et restituer des détails de scène, et une forme d'imprécision du rappel des détails impliquée dans la production de l'effet BE. Les résultats révèlent la mise en place de ces deux aspects mnésiques sur un même set de stimuli. Ces résultats sont discutés selon le modèle multisource de la perception de scène. Le chapitre 5 clôture la partie expérimentale de cette thèse par une étude sur l'évolution temporelle de l'effet BE en fonction de l'émotion induite. Une première recherche montre, par le biais d'un paradigme de mémoire à court terme, un effet de l'émotion sur l'effet BE à un stade précoce de la perception de scènes visuelles, avec une diminution progressive de la manifestation à mesure que les durées de présentation augmentent. Par le biais d'un paradigme de mémoire à long terme (largement utilisé dans la littérature), une seconde expérience met en évidence une absence d'effet de l'émotion sur le BE à un stade ultérieur de perception de scènes, bien qu'une difficulté à identifier l'effet ne soit pas écartée. Une synthèse des recherches menées durant ce doctorat et les apports à la littérature actuelle sont présentés dans un 6ème chapitre.

When we look at a visual scene (such as a photograph), the memory trace constructed by our cognitive system differs from the original scene across several dimensions. Intraub and Richardson (1989) have thus highlighted a particular phenomenon of distortion in the visuospatial memory following the perception of visual scenes: its enrichment. These authors called this phenomenon ''Boundary Extension'' (BE). This effect is characterized by a tendency to expand the spatial structure of the perceived scene, adding elements not present in the original scene but whose existence outside the frame is plausible. The BE effect would have an important adaptive value: visual perception consists of successive saccades, during which vision is absent. This effect would compensate for these gaps, creating a sense of continuity in perception. While numerous publications have begun to clarify the conditions in which BE effect occurs, the underlying mechanisms are still largely unrecognized. The present thesis experimentally investigates certain cognitive mechanisms involved in the BE effect, and highlights certain limitations. The first chapter presents the constraints of visual perception, and introduces the role of attention in guiding perception and integrating information. Theories on visual integration and the nature of memory representations are also discussed. The second chapter reviews the past thirty years of literature on the boundary extension phenomenon, and outlines theories that may explain it. The experimental part of this thesis begins with Chapter 3, which presents a study on the impact of divided attention on the BE effect at an early stage of scene construction (i.e., 150ms after the appearance of a visual scene). The results show that attention seems important at the beginning of scene perception, as it may facilitate the elaboration of memory representations. Dividing attention with unrelated tasks appears to disrupt the onset of scene construction, thus affecting the establishment of the BE effect. Chapter 4 presents research on a form of paradox in visual memory: the observation of an excellent capacity to stock and recall scene details, and a form of imprecision in recalling details that contributes to the production of the BE effect. The results reveal the occurrence of these two memory aspects on the same set of stimuli. These results are discussed according to the multisource model of scene perception. Chapter 5 closes the experimental section of this thesis with a study on the time course of BE as a function of emotion. A first experiment, using a short-term memory paradigm, shows an effect of emotion on the BE effect at an early stage of visual scene perception, with a progressive reduction of the manifestation as presentation durations increase. Using a long-term memory paradigm (widely used in the literature), a second experiment reveals no effect of emotion on BE at a later stage of scene perception, although the possibility of difficulty in identifying the effect cannot be ruled out. A synthesis of the research conducted during this doctoral work and its contributions to the current literature is presented in a sixth chapter.