Thèse en cours

Relire Polybe. Rome à l'épreuve des mutations du monde hellénistique de la première guerre d'Illyrie à la crise des Gracques (230–121 av. J.-C.). Réexamen des sources et des données historiographiques.

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Auteur / Autrice : Vincent Andreani
Direction : Antoine PietrobelliJulien Dubouloz
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 21/11/2019
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ISTA - Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité

Résumé

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À partir du dernier tiers du IIIe siècle av. J-C., le monde hellénistique est marqué par une présence occidentale de plus en plus affirmée. Cependant, les différences comme les influences linguistiques ou culturelles ne vont pas sans créer des malentendus ou des tensions, dans les relations diplomatiques par exemple. Parallèlement, la suprématie de Rome – ou plus exactement, selon Polybe, sa « puissance incontestable » (VI, 57, 5 et XXXI, 25, 6) – s'établit graduellement sur l'ensemble du monde méditerranéen, favorisant sur la durée une centralisation et une personnalisation croissantes des pouvoirs. Dans le même temps, la suite des conflits qui marquent la période affecte non seulement l'histoire politique des États et la configuration des territoires, mais également la situation socio-économique ou la manière d'être des différentes sociétés. Dans ce cadre, je me propose pour ma part de centrer ma recherche sur la période allant de la première guerre romaine d'Illyrie (229/8 av. J.-C.) au lendemain de la guerre d'Achaïe (146 av. J C.) et d'examiner le jeu complexe des relations et des interactions de Rome avec les États hellénistiques. Je n'adopterai pas pour autant une perspective strictement romano-centrée, celle de la Rome impérialiste ; je m'efforcerai de considérer Rome comme un État qui doit aussi, à l'instar des autres nations, composer avec une nouvelle situation politique, sur le plan extérieur comme intérieur, et avec de nouvelles réalités économiques et sociales, changeantes et contrastées. C'est en ce sens que la crise des Gracques a été posée comme limite de l'étude, dans la mesure où, bien que hors du champ polybien, elle est déjà en germe dans les Histoires de Polybe, notre source principale pour la période considérée. Si Polybe est notre source première, nous aurons évidemment à examiner les autres sources littéraires, Tite-Live notamment, et à les croiser entre elles. Mais paradoxalement, notre première tâche et une grande part du travail seront de réexaminer le texte polybien, tant le choix très précis des termes employés par l'historien et le caractère fragmentaire des Histoires restent négligés. En effet, plusieurs interprétations, véhiculées par la tradition, forcent et faussent parfois complètement le sens du texte tandis que, malgré les travaux novateurs de J.-L. Ferrary et les révisions des quarante dernières années, plusieurs erreurs subsistent, notamment sur le rapport de Polybe à Rome. Il s'agira donc bien de relire Polybe pour établir le sens des données sur lesquelles on s'appuie, en corrigeant les mésinterprétations, voire les déformations, ou en posant les apories. Nous aurons ainsi à faire également entrer en ligne de compte les données épigraphiques et archéologiques, les plus actuelles notamment. Cette recherche prendra appui sur le mémoire de Master, « Les rapports entre Rome et le monde grec : l'exemple rhodien (~306-~164) », dans lequel certaines études historiographiques ont déjà été conduites, plusieurs données épigraphiques mises à profit, et la bibliographie, qui est vaste, bien défrichée.