Intégrer la biodiversité en ville ˸ de la recherche à l’action des promoteurs immobiliers : Exemple des toitures végétalisées, une approche multiscalaire et interdisciplinaire
Auteur / Autrice : | Tanguy Louis-Lucas |
Direction : | Nathalie Machon, Philippe Clergeau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie |
Date : | Soutenance le 24/05/2022 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre des sciences de la conservation (Paris ; 2003-....) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Machon, Philippe Clergeau, Laure Cormier, Isabelle Dajoz, Jean-Christophe Foltête |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Frascaria Lacoste, Etienne Maclouf |
Mots clés
Résumé
En ville, la quantité et la qualité des espaces disponibles pour les activités et usages humains et non humains contraignent voire entravent l’intégration de la biodiversité dans l’aménagement urbain. C’est sur cette contrainte et les voies pour l’amoindrir que porte le questionnement fondamental de cette thèse. Nous nous sommes particulièrement concentrés sur les toitures végétalisées qui sont devenues communes dans les projets urbains depuis plus d’une dizaine d’années car elles fournissent habitat pour la biodiversité et contribueraient aux réseaux écologiques.Dans une première partie expérimentale, nous avons étudié les propriétés écologiques de micro-communautés végétales que nous avons créées sous la forme de plantes ornementales et/ou de plantes sauvages placées dans des bacs sur des toitures. Notre travail a confirmé que les toitures végétalisées supportent une biodiversité variée et que les plantes ornementales sélectionnées par les concepteurs jouent un rôle important dans ces micro-communautés en influençant l’abondance des plantes sauvages qui peuvent y pousser, par compétition ou facilitation. Nous montrons également que leur présence a un effet sur la communauté des pollinisateurs qui les fréquentent.Dans une deuxième partie, nous avons examiné le rôle des toitures végétalisées dans les réseaux écologiques de Paris à partir de la théorie des graphes en intégrant la hauteur des bâtiments comme un obstacle. Nous avons montré que ces espaces contribuent à la connectivité en ville, mais dans une moindre mesure que les habitats au sol. Les toitures végétalisées seraient plus importantes pour les flux de dispersions que pour leurs positions stratégiques dans le réseau. Nous avons également pu mettre en lumière l’effet de la forme urbaine, c’est-à-dire de la configuration et l’agencement des bâtiments : les toitures végétalisées de faible hauteur encerclées de hauts bâtiments contribuent peu aux réseaux écologiques.Enfin, nous avons voulu comprendre comment les promoteurs immobiliers intègrent le concept de biodiversité dans leurs pratiques professionnelles. Nous avons constaté qu’ils le mobilisent comme la ressource d’un service. Ils perçoivent l’intégration de la biodiversité à leur activité constructive comme une expertise, un sujet complexe. Il semble difficile pour eux de la quantifier et de juger de la qualité de leurs actions sur cette thématique. Guidés par leurs services internes en charge du développement durable, les promoteurs légitiment leurs actions par l’utilisation de labels, de partenariats ou bien par le recours à des écologues, garants de la qualité écologique des projets. La biodiversité est perçue comme un front d’innovation de la pratique professionnelle : son intégration est un exemple du processus de standardisation d’innovations dont l’objectif est de définir des « bonnes pratiques ». Malgré la forte mobilisation de ces bonnes pratiques pendant la conception de projets, les intentions se concrétisent souvent difficilement en raison de blocages entre des thématiques environnementales très segmentées voire contradictoires, de lacunes dans l’expertise écologique, de coûts jugés trop important et au gré des changement d’équipes.Les toitures végétalisées sont donc un objet complexe, tant d’un point de vue écologique pour leur rôle et les effets qu’elles engendrent sur la biodiversité urbaine que d’un point de vue opérationnel pour les acteurs qui les mettent en œuvre dans les projets d’aménagement.