Thèse soutenue

Méiose centrosomale de l'ovocyte chez le nématode parthénogénétique rhabditophanes diutinus

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Auteur / Autrice : Aurélien Perrier
Direction : Julien Dumont
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Reproduction
Date : Soutenance le 01/12/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Jacques Monod (Paris ; 1997-....)
Jury : Président / Présidente : Marie Delattre
Examinateurs / Examinatrices : Paul Guichard, Karine Van Doninck
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-René Huynh, Julie Plastino

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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La prolifération des espèces se reproduisant sexuellement repose sur des cellules spécialisées -les gamètes (le spermatozoïde chez le mâle, l'ovocyte chez la femelle)- produits fonctionnels d'une division cellulaire particulière nommée méiose. Même si la méiose est très conservée chez les eucaryotes, une diversité de mécanismes existe (particulièrement dans les ovocytes). L'étude de ces mécanismes peut permettre d'apprécier l'importance évolutive de la méiose. Au cours de la division cellulaire, un fuseau composé de microtubules permet l'alignement et la ségrégation des chromosomes. Dans les cellules somatiques et les spermatocytes, les microtubules émanent des centrosomes. Cependant, au cours de la méiose femelle, dans la plupart des espèces incluant Caenorhabditis elegans (nématode de clade V), la ségrégation des chromosomes est précédée d'une étape d'élimination des centrosomes, par un mécanisme mal compris. Après fécondation, une transition de la méiose vers la mitose se déroule dans l'embryon, impliquant l'assemblage d'un fuseau mitotique à partir d'un centrosome dupliqué, hérité via le spermatozoïde. Ce centrosome est crucial dans la détermination de la polarité embryonnaire car il définit le pôle postérieur du zygote. Chez Rhabditophanes diutinus (nématode de clade IV), les embryons sont produits par parthénogénèse, sans spermatozoïdes. Ils assemblent pourtant un fuseau mitotique fonctionnel et présentant des centrosomes, dans un zygote apparemment polarisé. J'ai donc étudié l'origine des centrosomes zygotiques ainsi que le mécanisme d'établissement de la polarité dans cette espèce de nématode atypique. En parallèle, j'ai étudié l'organisation structurelle et fonctionnelle de l'appareil reproducteur de R. diutinus. Lors de ma thèse, j'ai montré, qu'à la différence de C. elegans où les centrosomes sont éliminés dès le stade diplotène, chez R. diutinus, les centrosomes persistent tout au long de l'appareil reproducteur. En combinant des approches de microscopie photonique et électronique, j'ai montré que le bras de gonade de R. diutinus est composé distalement de macronoyaux, suivi de noyaux de plus petite taille se cellularisant en partie proximale, et fournissant des ovocytes tout au long de la vie reproductive du nématode. En utilisant des anticorps développés au laboratoire, reconnaissant la protéine centriolaire de R. diutinus RdiSAS-4 et péricentriolaire RdiTBG-1, j'ai montré que les centrosomes sont maintenus dans l'ovocyte durant les divisions méiotiques. En absence de fécondation, la méiose I présente une cytokinèse avortée permettant de retenir les cinq chromosomes bivalents et les deux centrosomes dans l'ovocyte. Celle-ci est suivie d'une méiose II complète avec expulsion de dix chromatides et d'un centrosome dans le globule polaire. Le centrosome restant, transmis maternellement au zygote, forme après duplication les deux pôles du fuseau mitotiques. Finalement, en analysant les déterminants de polarité tel que la déformation corticale de la membrane, l'asymétrie corticale d'actomyosine et la distribution asymétrique de la protéine de polarité RdiPKC-3, j'ai montré que le centrosome hérité maternellement agit comme un signal d'induction de la polarisation zygotique. En conclusion, mes résultats démontrent, pour la première fois, une transmission centrosomale maternelle. Ils suggèrent également que dans les espèces parthénogénétiques, le centrosome hérité maternellement, assemblé et transmis dans la gonade, peut remplacer fonctionnellement son homologue hérité paternellement dans les espèces à reproduction sexuée.