Thèse soutenue

Contribution de la virulence de Listeria monocytogenes à sa dissémination dans l'hôte et l'environnement

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Auteur / Autrice : Julien Gaillard
Direction : Olivier Disson
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Microbiologie
Date : Soutenance le 13/12/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Bio Sorbonne Paris Cité (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie des Infections
Partenaires de recherche : Institut Pasteur. Département de Biologie cellulaire et infection (2006-….)
Jury : Président / Présidente : Javier Pizarro-Cerdà
Examinateurs / Examinatrices : Javier Pizarro-Cerdà
Rapporteur / Rapporteuse : Cristel Archambaud, Stéphane Meresse

Résumé

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Listeria monocytogenes (Lm) est un pathogène d'origine alimentaire, responsable de la listériose chez l'Homme et l'animal. Lm exprime plusieurs facteurs de virulence lui permettant de traverser la barrière intestinale, de contourner la machinerie intracellulaire afin de s'y répliquer et de se disséminer dans l'organisme. Les facteurs de virulence font partie du « core genome » de Lm et sont par conséquent très conservés et soumis à une pression de sélection positive. Lm est une espèce génétiquement et phénotypiquement diverse. En effet, elle est divisée en plusieurs lignées et sous-groupes, les complexes clonaux, dont certains sont plus associés aux cas de listériose et d'autres à la contamination alimentaire. Certains facteurs de virulence sont surexprimés dans les souches les plus virulentes, suggérant que cette surexpression est impliquée dans les différences phénotypiques observées entre les souches de Lm. Les facteurs de virulence ont principalement été étudiés pour leur capacité à induire une pathologie. L'objectif principal de cette thèse est de replacer la virulence de Lm dans son contexte écologique, afin de comprendre sa contribution dans la transmission. En effet, des travaux menés au laboratoire ont montré que les souches les plus virulentes sont aussi les plus transmises dans les selles après infection d'un hôte sain, mais la raison en était encore inconnue. Afin de comprendre la contribution de la virulence à la transmission de Lm, l'étude de souches hypervirulentes de Lm a été réalisée dans un modèle in vivo, afin de caractériser et de quantifier les étapes impliquées dans la sélection et l'amplification des bactéries dans l'hôte. Nous avons caractérisé un phénotype observé uniquement après infection par les souches hypervirulentes, et qui est impliqué dans leur transmission accrue. Ces dernières forment des foyers d'infection tout le long de l'épithélium du tube digestif dès les premières heures de l'infection. Cela permet une amplification clonale de bactéries, qui sont ensuite libérées dans la lumière intestinale par extrusion des cellules infectées. Un tel phénotype représente un avantage évolutif important car il ne nécessite pas d'infection systémique et peut donc permettre l'amplification et la dissémination des bactéries après infection par un inoculum faible. Grâce à l'utilisation de souches hypervirulentes et de leurs mutants isogéniques pour différents facteurs de virulence, nous avons montré la contribution d'inlA, de hly et d'actA dans la formation de ces foyers. Lorsque l'inoculum est plus important, la phase systémique de l'infection participe aussi à la transmission de Lm via la colonisation de la vésicule biliaire. Nous avons ensuite étudié la contribution de la virulence à la transmission de Lm, à la fois par l'extrusion des foyers épithéliaux intestinaux et par la phase systémique de l'infection. Nous avons ainsi quantifié la dynamique complète de l'infection dans des souris humanisées reproduisant fidèlement les différentes étapes de la listériose humaine, que nous avons infectées avec une souche hypervirulente ou son mutant isogénique de délétion pour l'internaline (InlA) incapable de former les foyers intestinaux. Afin de suivre l'évolution de la population bactérienne dans l'hôte pour identifier les goulots d'étranglements et les vases d'expansion, nous avons utilisé la technique STAMP combiné à la charge bactérienne. De plus, nous avons collaboré avec l'équipe de Simon Cauchemez afin d'établir un modèle mathématique de dynamique de l'infection que nous avons alimenté avec ces données. L'ensemble des résultats obtenus a permis de mettre en évidence l'importance des facteurs de virulence dans la transmission de Lm, et de quantifier la contribution des différentes étapes de l'infection à la transmission de Lm.