Thèse en cours

Les prénoms portés dans le Pays de Vaud et en Franche-Comté aux XVe et XVIe siècles (1404-1600)

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Auteur / Autrice : Sylvie Poidras-bohard
Direction : Paul Delsalle
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 04/11/2019
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chrono-Environnement
établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)

Mots clés

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Résumé

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Sylvie POIDRAS-BOHARD Résumé du projet Titre  du projet de thèse : Les prénoms dans les pays jurassiens entre le XIIIème siècle et le XVIIème siècle Problématique : Les recherches effectuées dans le cadre du Master 2 ont permis de montrer que l'étude des dénominations dans les chartes de l'abbaye de Saint-Claude offrait des connaissances sur la société du XIIIème siècle. Le système des dénominations se fixe aux XIIème et XIIIème siècles selon les régions. Le premier nom devient le prénom et le second le nom. L'enquête à venir s'inscrit dans la continuité de ce processus en se focalisant sur les prénoms des femmes et des hommes entre le XIIIème siècle et le XVIIème siècle. Ainsi une recherche étendue sur une zone géographique et un empan chronologique importants permet d'aborder le phénomène de manière large. Les travaux menés sur le XIIIème siècle dans le Jura ont mis en évidence une situation anthroponymique assez similaire aux résultats obtenus dans la plupart des autres régions de France. Un décalage temporel a été noté cependant. Étendre l'aire de l'étude et envisager un temps long suppose d'apporter des éléments nouveaux aux connaissances déjà perçues. La situation de frontière des pays jurassiens propose un carrefour de cultures, de cadres politiques et religieux susceptible d'être un marqueur. C'est pourquoi, afin de repérer en quoi les prénoms peuvent être les traces d'une spécificité frontalière, nous souhaitons développer notre enquête dans cette zone géographique et sur le temps long. Quelles formes prennent les points communs et les différences dans cet espace et dans ce temps? Quelles évolutions pouvons-nous repérer ? Les bornes chronologiques : Selon les recherches antérieures, les dénominations se fixent en prénoms et noms aux XIIème et XIIIème siècles. L'enquête, que nous souhaitons mener, s'inscrit dans la continuité de ce phénomène. En choisissant le temps long, entre le XIIIème siècle et le XVIIème siècle, nous étudierons l'évolution des formes de prénoms, leur diversité, les ruptures et les continuités. L'étude sur plusieurs siècles repose alors sur des sources hétérogènes qui apportent qualité et quantité du panel. Les premiers siècles offrent des quantités restreintes alors que les siècles suivants sont plus prolixes. La borne terminale est fixée à 1636, date de la guerre de Trente ans qui s'impose dans la région et perturbe fortement les sources. Les repères sont alors différents et les comparaisons seraient préjudiciables à une analyse cohérente. Les bornes géographiques La situation géographique entre la France et la Suisse n'est pas propice à une étude classique. La zone frontalière des pays jurassiens est un lieu particulier puisqu'il s'agit d'un espace en grande partie montagnard. Ses caractéristiques ont un impact fort sur la vie des habitants. L'altitude est ainsi un critère de délimitation géographique de notre étude. La frontière est une limite politique mais également souvent psychologique. C'est une barrière dont le franchissement pose question, elle est aussi et surtout un lieu où des échanges se produisent. Les géographes savent que l'économie frontalière est spécifique et que l'activité qu'elle produit y est riche d'enseignements. Les hommes et femmes qui vivent dans cet espace sont habitués aux échanges commerciaux, humains, culturels qui génèrent de l'intérêt entre les personnes, des liens, ainsi que des tensions. Qui dit échanges dit réseau. Les routes qui passent dans les pays jurassiens sont les empreintes de la situation géopolitique. Voyageurs et marchands cheminent ici pour passer de pays francophones aux zones italophones. La circulation des personnes (Italiens, Flamands, Allemands, Suisses, Français, Bourguignons) est importante car cet espace est zone de passage. Il s'agit d'un véritable carrefour européen où tout circule. Les foires sont les nombreuses occasions pour lesquelles les familles se déplacent. L'axe Rhin-Rhône est matérialisé par une route principale qui passe par Dijon, Dole, Salins, Jougne, Lausanne avec des connections entre Vesoul, Baume-les-Dames et Jougne. Le Milanais est, par ce biais, relié aux Pays-Bas et connecté aux territoires helvétiques. Les pays jurassiens sont donc loin d'être enclavés. Le projet prévoit d'étudier les sources de part et d'autre des frontières politiques : la Suisse, précisément le canton de Vaud, le comté e Bourgogne, et l'espace relevant de Nantua qui appartient au duché de Savoie. Les sources issues de ces lieux constituent un ensemble cohérent et donnent du sens à l'étude. Les pistes de recherche : Les prénoms sont la matière première de notre étude. C'est à travers leur collection que nous souhaitons comprendre des mécanismes de la société médiévale et moderne. Les populations rurales et urbaines, les populations laïques et religieuses sont accessibles grâce à des sources variées (chartes des abbayes, livres de bourgeoisie, terriers, actes de justice, registres paroissiaux).... Nous sommes au cœur de la société où apparaissent les dominés et les dominants. L'étude des palmarès des prénoms permet de comprendre le succès de certains, la stabilité ou leur chute. Les prénoms se classent selon leurs origines : ils sont germaniques ou chrétiens pour la plupart. Quelle forme ces prénoms prennent-ils ? Quel rôle le clergé joue-t-il dans l'attribution d'un prénom ? L'influence religieuse est-elle perceptible ? L'empan chronologique permet d'aborder la Réforme et la Contre-Réforme, les conséquences se voient-elles ? Certains prénoms sont clairement liés à de saints patrons : l'aire et la temporalité de ces prénoms sont riches d'enseignements. Des résistances aux anciennes habitudes de prénomination ont-elles existé ? Les prénoms permettent d'entrer au cœur des organisations familiales et d'étudier les transmissions entre les générations, les attributions au sein d'une fratrie et les changements. Ainsi les fonctionnements familiaux permettent-ils d'appréhender les groupes sociaux et leurs aspirations. Le projet ouvre des perspectives larges dans un domaine dont l'historiographie est déjà importante et qui demeure une référence essentielle face à toute nouvelle compréhension.