Thèse en cours

Écriture et action sous contrainte : les espaces universitaires dans les prisons de Buenos Aires (2011-2022)

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Auteur / Autrice : Inés Ichaso
Direction : Annick LouisJuan Pablo Parchuc
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du Littéraire
Date : Inscription en doctorat le 26/10/2019
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Universidad de Buenos Aires
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse s'appuie sur une conception de l'écriture en tant qu’action productrice d’un savoir historique et transformateur. Elle étudie les textes, les actes et les pratiques d'écriture réalisés dans les espaces universitaires des prisons fédérales argentines, entre 2011 et 2022, dans le cadre des interventions pédagogiques du Programme d’Extension en Prison de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Buenos Aires. L'interrogation sur le caractère performatif de l'écriture réalisé dans ces espaces et sur les pratiques pédagogiques autour desquelles l'écriture se développe repose sur le constat d'une multiplication d’interventions universitaires en Argentine au cours des vingt dernières années. Ainsi, l'objectif général est de mieux connaître la catégorie d’écriture dans les contextes carcéraux en Argentine, à l'intersection spécifique de l'écriture, de l'université et de la prison. Pour ce faire, la thèse commence par une description des centres universitaires en prison concernés par la recherche, des propositions éducatives liées à l'écriture et à la lecture, ainsi que des matériaux produits dans ces espaces. Ensuite, elle identifie, décrit et catégorise les régularités propres à la pratique de l'écriture en prison. Troisièmement, elle examine les relations entre l'écriture, le corps et le dispositif carcéral qui permettent des croisements de langues, de voix et de registres dans des scènes pédagogiques et des textes ouvrant un espace à l'émergence de la voix des personnes incarcérées. La thèse étudie également les temporalités et les espaces de l'écriture ainsi que ses possibilités de perturber l'ordre et la rationalité du paradigme punitif contemporain. Enfin, la thèse analyse les fonctions et les statuts du littéraire mis en jeu dans ces matériaux et scènes pédagogiques, ainsi que les opérations critiques qu'ils produisent dans le champ de la théorie et de la critique littéraire. Les résultats de la recherche témoignent des différentes manières dont l'écriture en prison participe aux processus de subjectivation, de construction de communauté et d'imagination de futurs possibles. Écrire en prison permet, en partie, de combattre les effets de la vie carcérale. De même, la recherche rend compte des façons dont l'écriture en prison dialogue avec les représentations, discours et imaginaires sur les pratiques lettrées. Les pratiques d'écriture dans les salles de classe universitaires en prison hybrident la voix et l'écrit, liant le corps et l'écriture d'une manière où l'action d'écrire, le fait d'être en train d’écrire, revêt un intérêt vital. Enfin, ce travail démontre comment, dans les textes, la littérature fonctionne comme un outil pour construire des lieux d'énonciation permettant de contester les significations de la loi, de la justice et, dans une certaine mesure, de la g La thèse s'appuie sur des travaux qui systématisent des expériences universitaires en prison dans le pays, notamment ceux provenant des études littéraires. La construction de l'objet est sous-tendue par l'ethnographie et les opérations de la critique littéraire. La première sert de méthode pour la collecte de matériaux et offre un cadre pour dénaturaliser les catégories et valeurs ; les derniers servent de méthode de lecture apportant de la cohérence à un corpus d'éléments de nature différente. Le tout s'inscrit dans un cadre théorique privilégiant une perspective pragmatique et une approche sur la prison éclairant les relations entre l'intérieur et l'extérieur. Ce cadre se nourrit des études littéraires, de la sociologie carcérale et des études sur l'éducation en contexte d'incarcération. Enfin, la recherche comporte une dimension éthico-politique, cherchant à contribuer à la réflexion sur l’enseignement, la recherche et l’extension en prison afin d'identifier comment l'écriture peut transformer ou perturber les pédagogies violentes et individualisantes en développant l'autonomie, le dialogue et la construction collective.