La chasse des oiseaux en Europe : quelles conséquences démographiques et évolutives ?
Auteur / Autrice : | Emilienne Grzegorczyk |
Direction : | Matthieu Guillemain |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Ecologie et Biodiversité |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 15/02/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : OFB-Office Français Biodiversité |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Barbraud |
Examinateurs / Examinatrices : Matthieu Guillemain, Marco Festa-bianchet, Marlène Gamelon, Cyril Eraud, Ana Rodrigues, Emmanuelle Cam | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marco Festa-bianchet, Marlène Gamelon |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Tout au long de son histoire et dans toutes les sociétés, lHomme a exploité des populations danimaux sauvages pour sa subsistance, le commerce ou le loisir. Les oiseaux ne font pas exception puisque lon retrouve des traces de leur exploitation par les populations humaines dès la préhistoire. Si les oiseaux en tant que ressources ont dabord été considérés comme illimités, on sait aujourdhui que la surexploitation des espèces est une cause majeure du déclin de la biodiversité. Afin de permettre lexploitation durable des espèces, de nombreuses études ont cherché à évaluer limpact du prélèvement sur la dynamique des populations et leur trajectoire évolutive. Cette thèse vise à mieux comprendre limpact de la chasse sur les populations doiseaux. Les oiseaux sont un groupe particulièrement pertinent pour étudier limpact de lexploitation puisque les volumes de prélèvement annuel sont conséquents (~ 52 millions doiseaux en Europe annuellement) et la liste des espèces très vaste (65 en Europe). Nos études se basent sur un large panel despèces appartenant à diverses familles doiseaux chassables, et permettent donc de tirer des conclusions générales sur limpact de la chasse sur les populations. Ce travail se penche dans un premier temps sur un des mécanismes qui pourraient permettre aux populations de compenser une partie de la mortalité induite par la chasse : lhétérogénéité individuelle pour le taux de survie. Une telle hétérogénéité de survie a été détectée chez 5 des 6 espèces étudiées. Même si le degré dhétérogénéité est souvent faible, ce résultat suggère que ce phénomène est répandu chez les oiseaux chassables. La probabilité pour un individu davoir une survie élevée ne semble liée ni à la phénologie de migration, ni à sa masse corporelle. La deuxième section de la thèse montre quune variation de la pression de chasse peut entraîner une modification majeure du comportement des oiseaux. La fermeture anticipée de la chasse aux oiseaux deau en Camargue au cours des dernières décennies a entraîné une augmentation de labondance de la Sarcelle dhiver durant les mois où la chasse a cessé. La diminution de la pression de chasse a donc permis aux oiseaux une meilleure utilisation de cette zone dhivernage et de halte migratoire majeure. Le dernier chapitre sinterroge sur la capacité de la chasse à induire des changements évolutifs, notamment en sélectionnant préférentiellement certains phénotypes. La sélectivité non-intentionnelle de la chasse sur des traits morphologiques a été évaluée chez 7 espèces doiseaux. Les résultats montrent quil nexiste pas de sélectivité sur ces traits morphologiques. Une perspective de recherche est maintenant dévaluer si la chasse sélectionne plutôt les individus en fonction de leur comportement. Ce travail insiste sur le besoin de modéliser limpact de la chasse en prenant en compte non seulement les volumes de prélèvement mais également la structure de la population et des tableaux de chasse. Mieux évaluer linteraction entre la chasse et le comportement ou la personnalité des individus semble également indispensable pour comprendre les conséquences de la chasse sur les populations, et mettre en place une gestion cynégétique adéquate. Si les avancées scientifiques permettent de mieux comprendre limpact théorique de lexploitation sur les populations, cest ensuite un réseau dacteurs qui permet la remontée de données et la bonne application des règles cynégétiques établies. La gestion de ces populations reste donc le fruit dune collaboration qui associe scientifiques, instances cynégétiques, associations de protection de la nature et décideurs politiques. Les sciences humaines et sociales et la gestion adaptative pourraient faciliter cette collaboration et permettre, in fine, de baser les décisions de gestion sur les connaissances scientifiques les plus récentes.