Thèse en cours

perspectives statistiques de l'origine de l'homochiralité

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 09/11/2022. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Gabin Laurent
Direction : David LacosteUlrich Gerland
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Physique
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 09/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : Physique en Ile de France
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : GULLIVER
établissement opérateur d'inscription : Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris (1882-....)
Jury : Président / Présidente : Cornelia Meinert
Examinateurs / Examinatrices : David Lacoste, Ulrich Gerland, Jeanne Crassous, Raphaël Plasson, Pierre Gaspard, Farshid Jafarpour
Rapporteurs / Rapporteuses : Jeanne Crassous

Résumé

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Les systèmes vivants sur Terre sont homochiraux. Cela signifie que pour chaque espèce chimique chirale qu’ils contiennent, la fraction d’un des deux énantiomères est très largement supérieure à celle de l’autre. Depuis la découverte de la chiralité par Pasteur, l’homochiralité reste un mystère puisque aucun mécanisme jugé entièrement satisfaisant justifiant son émergence n’a été proposé à ce jour et que l’on ne sait pas non plus si l’homochiralité est un prérequis ou bien une conséquence de la vie. Dans cette thèse, nous proposons deux scénarios physiques au sein desquels l’homochiralité pourrait avoir émergé avant ou bien conjointement avec la vie. Dans un premier temps, nous montrons que les grands réseaux chimiques chiraux complexes sont susceptibles de subir une transition d’un état racémique à un état homochiral due à une brisure de symétrie spontanée, lorsque le nombre d’espèces chirales qu’ils contiennent devient important. Ce mécanisme robuste repose sur les propriétés mathématiques de grandes matrices aléatoires et n’impose que peu de contraintes sur le réseau chimique. Nous illustrons ce mécanisme avec une généralisation du modèle de Frank, qui contient alors un grand nombre d’espèces chimiques. Enfin, nous évaluons quantitativement l’abondance des molécules chirales dans la nature ainsi que le seuil au-delà duquel les espèces chirales dominent en nombre celles achirales à l’aide d’une analyse de bases de données moléculaires. Dans un second temps, nous présentons un mécanisme basé sur la polymérisation sur « template » de biopolymères tels que l’ARN, qui implique l’extension de brins d’ARN par ligature avec d’autres oligomères ou monomères compatibles par appariement par paire de base. Ce processus est autocatalytique et montre une inhibition chirale, qui sont tous deux des éléments clés pour induire une brisure de symétrie provoquant une transition vers un état homochiral. A l’aide de simulations stochastiques détaillées de polymérisation sur « template » dans des systèmes de polymères chiraux, nous étudions la propension de systèmes initialement composés d’un mélange racémique de monomères à évoluer vers des systèmes homochiraux de polymères en présence de réactions de racémisation. Deux types de réacteurs chimiques sous différentes conditions sont étudiés dans ce travail : d’abord des réacteurs fermés mais maintenus hors d’équilibre, avec un nombre constant de monomères, puis des réacteurs ouverts dans lesquels les espèces sont dégradées et certaines sont chémostatées. Nous supposons aussi que les systèmes sont soumis à des cycles de températures dans les deux cas. Nous trouvons qu’un état parfaitement homochiral est atteint par les systèmes fermés en présence de réactions de racémisation grâce au « chiral stalling » qui ralentit la ligature entre deux brins d’ARN lorsque deux monomères de chiralités opposées sont appariés proche de la position de la ligature. Il apparaît que cette transition homochirale permet au système d’atteindre une longueur moyenne plus élevée de polymères qui le composent, ce qui est difficile en général pour la polymérisation non-enzymatique. Enfin, les simulations de réacteurs ouverts montrent que seul un écart énantiomérique partiel et transitoire peut être atteint mais sans que des réactions de racémisation soient nécessaires. Le travail présenté dans cette thèse se focalise sur le processus d’amplification d’un faible écart énantiomérique initial produit soit par un phénomène physique ou chimique particulier, soit simplement par des fluctuations statistiques.