Thèse soutenue

Eco-épidémiologie du système Oiseaux-Tiques-Borrelia

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Auteur / Autrice : Amalia Rataud
Direction : Pierre-Yves HenryMaud MarsotSara Moutailler
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 12/12/2022
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de santé animale (Maisons-Alfort, Val de Marne) - Laboratoire de santé animale, sites de Maisons-Alfort et de Normandie
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
Jury : Président / Présidente : Karen D. McCoy
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Yves Henry, Maud Marsot, Sylvie Lecollinet, Olivier Plantard, Céline Richomme, Julien Gasparini
Rapporteur / Rapporteuse : Sylvie Lecollinet, Olivier Plantard

Résumé

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Les maladies vectorisées par les tiques représentent une menace importante en santé humaine et animale dans le Monde. La production de tiques infectées par une population d’une espèce hôte (potentiel de réservoir hôte) dépend de la production de tiques, de la compétence de réservoir réalisée et de la densité des hôtes. La caractérisation du potentiel de réservoir hôte et la compréhension des principaux facteurs intrinsèques et extrinsèques aux hôtes l’influençant sont essentielles pour prévenir les maladies à tiques, comme la maladie de Lyme. De nombreuses études se sont intéressées au rôle des mammifères dans la circulation des bactéries appartenant au complexe Borrelia burgdorferi sensu lato (Bbsl). En comparaison, peu d’études ont considéré le rôle des oiseaux dans la circulation de ces bactéries alors qu’ils peuvent participer aux dynamiques de population des tiques et des agents pathogènes associés lors de leurs périodes de migration (dispersion) et de reproduction, lorsqu’ils contribuent localement à la multiplication des tiques et des agents pathogènes. Au cours de cette thèse, nous avons premièrement caractérisé la diversité des espèces de tiques et des agents pathogènes présents dans les larves gorgées portées par une grande diversité d’espèces aviaires pendant leur période de reproduction en France. Ixodes ricinus était l’espèce de tique majoritaire et le genre de bactéries Bbsl était le plus prévalent chez les larves portées par les oiseaux, suivi de Rickettsia spp. et Anaplasma spp. Les oiseaux appartenant à la famille des Turdidae (Merle noir et Grive musicienne), le Troglodyte mignon et le Pipit des arbres avaient une prévalence d’infection des larves gorgées en Bbsl supérieure aux autres espèces aviaires. Après avoir identifié les principales espèces intervenant dans le système oiseaux – tiques – agents pathogènes, nous avons étudié l’influence relative de facteurs intrinsèques et extrinsèques aux oiseaux sur leur charge en tiques afin d’identifier les principaux déterminants pouvant influencer cette charge dans un environnement donné et au sein d’une communauté aviaire spécifique. Nous avons montré que la charge en tiques des oiseaux était davantage influencée par la diversité aviaire que par les variations annuelles (indicatrices des conditions environnementales), avec le Merle noir, l’Accenteur mouchet et la Grive musicienne comme étant les espèces les plus infestées de la communauté étudiée. Ces différences s’expliquent par le fait que ces espèces sont relativement grandes (masse moyenne élevée) et s’alimentent proche du sol (strate verticale occupée par les tiques). Enfin, nous avons cherché à caractériser une partie du potentiel de réservoir hôte d’une communauté d’oiseaux en reproduction en complétant l’étude sur la charge en tiques des oiseaux par l’analyse de leur densité afin d’identifier les espèces participant le plus au nourrissage local des tiques dans le milieu. Le Rouge-gorge familier, le Merle noir, l’Accenteur mouchet et la Grive musicienne participaient le plus au nourrissage des tiques à l’échelle de la communauté locale d’hôtes étudiée. Les résultats obtenus ont souligné l’importance de considérer à la fois la charge en tique et la densité des oiseaux pour caractériser l’indice de nourrissage local des tiques. Dans une perspective de prévention de la maladie de Lyme, il faudrait compléter cet indice par la compétence de réservoir réalisée des oiseaux pour les bactéries Bbsl, afin d’identifier les espèces aviaires participant le plus à la production de tiques infectées dans le milieu (ou risque acarologique pour l’homme). Cela serait à réaliser dans des sites contrastés en communautés aviaires et en habitats afin d’identifier les conditions environnementales accroissant le risque acarologique pour la maladie de Lyme.