Transidentité et sport de compétition: contrôler les corps trans pour préserver la bicatégorisation sexuée
Auteur / Autrice : | Lucie Pallesi |
Direction : | Anaïs Bohuon |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du sport et du mouvement humain |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2019 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain (Orsay, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CIAMS - Complexité, Innovation, Activités Motrices et Sportives |
référent : Faculté des sciences du sport |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le sport et en particulier le sport de compétition est l'arène sociale où la ségrégation sexuée demeure prégnante. Celle-ci s'appuie sur deux présupposés : le fait que l'on pourrait différencier les individus selon leur sexe de manière binaire (homme/femme) et le fait que le sexe masculin aurait un avantage biologique significatif sur le sexe féminin en termes de performances sportives. Avec la visibilité croissante de la population LGBTI+ depuis les années 1970 et le développement de l'accès aux transitions médicales et juridiques, des personnes trans et non-binaires ont commencé à prendre part à des compétitions sportives de haut niveau. En particulier, la participation des femmes trans aux épreuves femmes a entraîné de nombreux débats et conduit depuis vingt ans à diverses réglementations encadrant leur participation par les institutions sportives internationales (Comité International Olympique, fédérations internationales, Tribunal Arbitral du Sport). Jugées avantagées sur leurs adversaires voire dangereuses, les femmes trans sont soumises à des critères toujours plus contraignants au nom du maintien de l'équité des compétitions. Reposant sur un travail d'archives (documentation des institutions sportives internationales et corpus de littérature biomédicale) et des entretiens avec des athlètes trans, des membres des fédérations internationales et des expert‧e‧s consulté‧e‧s par les fédérations, cette thèse propose d'étudier comment la régulation de la participation des sportif·ve·s trans dans le sport compétitif de haut niveau réactualise l'idéologie de la naturalité du sexe. Elle se centre d'une part sur l'étude sociohistorique des processus et dispositifs, en particulier biomédicaux et juridiques, qui au sein des institutions sportives internationales conduisent à l'établissement des critères autorisant (ou non) les personnes trans à participer aux compétitions. Elle analyse d'autre part la prégnance du discours biologique pour penser l'inclusion des personnes trans aux compétitions et la focalisation sur le rôle supposé de la testostérone comme déterminant essentiel des performances et de la différence des sexes. Une attention particulière est portée aux controverses qui émergent dans le champ de la recherche biomédicale quant aux effets de l'hormonothérapie dite féminisante sur les performances. Enfin, elle tâche de saisir l'expérience des athlètes trans de haut niveau face à ces mécanismes de contrôle et les possibilités qui leur sont offertes pour exister voire résister dans l'espace du sport de compétition.