Mécanismes de contrôle optimal dans le mouvement datteinte post-AVC
Auteur / Autrice : | Germain Faity |
Direction : | Denis Mottet |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du Mouvement Humain - MPL |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 07/07/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du Mouvement Humain (Marseille ; 2004-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : EuroMov Digital Health in Motion |
Jury : | Président / Présidente : Bastien Berret |
Examinateurs / Examinatrices : Denis Mottet, Jérôme Froger, Agnès Roby-brami, Thierry Lejeune, Laetitia Fradet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Thierry Lejeune, Laetitia Fradet |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
À la suite d'un accident vasculaire cérébral, de nombreux patients sous-utilisent leur bras parétique malgré une récupération suffisante pour le faire, ce qui peut mener à une diminution secondaire de leurs capacités motrices. La théorie dominante pour expliquer ce recours excessif aux compensations (utilisation du bras non-parétique, compensations du tronc) est basée sur lhypothèse dune sous-estimation apprise par conditionnement de lutilité du bras parétique, mais une autre explication est possible. La non-utilisation du bras parétique pourrait résulter d'une stratégie de contrôle optimal visant à minimiser l'effort et à maximiser la fonction du bras en présence d'une faiblesse musculaire et d'une coordination intermusculaire déficiente. Plusieurs études ont été menées sur des participants jeunes et âgés en bonne santé, ainsi que sur des patients ayant subi un AVC dans le cadre de tâches motrices du haut du corps (seated reaching, circular steering) afin de tester cette hypothèse. Nos résultats ont révélé que lorsque lon demande à des participants sains assis de toucher une cible placée en face deux, mais que leur bras a été préalablement alourdi, ils se penchent en avant pour effectuer la tâche. Lorsqu'on leur demande de minimiser les compensations du tronc, les participants sains sont capables de réduire les compensations au prix d'une activation accrue des muscles de l'épaule et d'un effort ressenti plus important. Cela démontre qu'il est possible d'induire une non-utilisation du bras proximal chez des sujets sains sans avoir à passer par une phase d'apprentissage. A l'inverse, en allégeant le bras de patients post-AVC, ceux-ci diminuent leurs compensations obligatoires et non-obligatoires du tronc, augmentant ainsi spontanément lutilisation du bras. Une analyse détaillée a révélé que la stratégie de non-utilisation, en favorisant l'utilisation de compensations non-obligatoires, permet déviter les activations musculaires trop importantes dues à la faiblesse de l'épaule et réduit ainsi l'effort ressenti par les patients. En outre, en raison de la diminution de la variabilité motrice due à la baisse de lactivation musculaire et d'un meilleur contrôle des mouvements grâce au recours accru au tronc, innervé bilatéralement, la stratégie de non-utilisation épaule-coude permet également daméliorer le contrôle du mouvement du bras parétique chez les patients et donc la fonction des membres supérieurs. Par conséquent, les compensations obligatoires et non-obligatoires sont très adaptatives et augmentent lorsque la cible est plus petite ou, inversement, diminuent lorsque la cible est plus élevée (une cible plus élevée rendant les compensations du tronc moins utiles, voire contre productives). Nous avons également trouvé une corrélation entre le déficit du membre parétique, les compensations motrices et les compensations cérébrales, confirmant que plus le déficit est important, plus les patients ont recours aux compensations motrices et cérébrales pour y pallier. Enfin, nous avons démontré que, dans une approche de type contrôle optimal, seule une fonction de coût prenant en compte la réserve de force des articulations pouvait correctement modéliser les compensations du tronc et prédire la non-utilisation du bras en présence d'un déficit de force de l'épaule. Ces résultats suggèrent que la stratégie de non-utilisation du membre parétique chez les patients post-AVC est, au moins en partie, une solution optimale pour réduire l'effort et améliorer la fonction motrice. Nous proposons une méthode pour identifier les patients qui bénéficieraient le plus d'interventions visant à réduire la sous-utilisation (CIMT, TRMT) et discutons du rôle de l'entraînement spécifique de la force de l'épaule dans l'amélioration de l'utilisation du bras chez les patients post-AVC.