Thèse soutenue

Multitâche avec les médias : tendance générale de l'individu ou comportement spécifique ? : Etude des déterminants et des conséquences sur l'organisation et la gestion des tâches multiples

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Auteur / Autrice : Vivien Gaujoux
Direction : François OsiurakEmanuelle Reynaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 02/06/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Blanc
Rapporteurs / Rapporteuses : François Maquestiaux, Lionel Brunel

Résumé

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Les questions d’utilisation des médias sont au coeur des problématiques sociétales et scientifiques actuelles. Une inquiétude importante concerne leur utilisation multitâche, et ses impacts éventuels sur la cognition. Une partie de la littérature scientifique a mis en évidence des effets négatifs du multitâche numérique sur la concentration. Ces travaux ont eu un retentissement bien plus important dans le grand public que les travaux aboutissant à des résultats plus modérés, bien que ces derniers soient tout aussi nombreux. La grande diversité des résultats plaide en réalité pour des effets de ce comportement plus subtils qu’il n’y paraît.Ce travail de thèse s’est focalisé sur l’utilisation multitâche des médias, en se penchant sur deux questions principales. La première a été d’étudier si ce comportement se retrouvait de façon générale sur la façon d’aborder des tâches multiples, même hors médias numériques. La seconde concernait la possibilité de définir des profils d’individus susceptibles d’adopter ce comportement, en fonction de leurs performances cognitives ou leurs réponses à des tests de personnalité. À cet effet, nous avons proposé un ensemble de tâches expérimentales à travers quatre études (cinq expériences). Le dénominateur commun à ces études a été la mesure de l’utilisation des médias, afin de pouvoir catégoriser nos participants utilisateurs plus ou moins multitâches. La première étude s’est intéressée à l’organisation spontanée des individus pour mener à bien quatre tâches papier-crayon en temps limité. Leurs performances attentionnelles ont été évaluées (D2), ainsi que leur personnalité (Big Five). La seconde étude, inspirée des paradigmes de task-switching volontaire, a proposé aux participants de gérer l’alternance de trois tâches en choisissant eux-mêmes la longueur de chaque séquence de tâche, leur permettant de les aborder de manière plus ou moins séquentielle. Plusieurs tests ont évalué notamment leur comportement exécutif (BRIEF), leur tendance à l’immersion (ITQ) et leur préférence pour le multitâche (MPI). La troisième étude modifie légèrement l’étude 2, en proposant de laisser gérer aux participants le degré de hasard dans l’alternance des tâches, plus que l’alternance en elle-même. Cette manipulation avait pour but d’évaluer la tolérance à l’incertitude issue de l’environnement, habituelle lors de l’usage de médias multiples. Cette étude a donné lieu à une variation, pour laquelle la moitié des choix étaient imposés aux participants. Les mêmes tests que ceux de l’étude 2 ont ensuite été proposés aux participants, avec l’ajout des matrices de Raven pour évaluer l’intelligence fluide. Enfin, la quatrième et dernière étude en eye-tracking s’est penchée davantage sur la charge cognitive et les performances en proposant une simulation de pilotage d’avion (OpenMATB), nécessitant de gérer plusieurs tâches de manière parallèle selon différents degrés de difficulté.L’originalité majeure de la thèse a été de proposer un ensemble de paradigmes de tâches multiples pour lesquels l’organisation était laissée au libre choix des participants. Les résultats obtenus montrent que la tendance au multitâche numérique est dépendante d’un ensemble de facteurs contextuels, et bien qu’en partie retrouvée sur d’autres tâches, cette tendance est difficilement réductible à un trait de personnalité stable chez les individus. De plus, bien que le focus sur les performances soit secondaire, cette tendance n’a pas affecté les performances de manière systématique au cours de nos études.