Procédés et généalogies du jeu de l'acteur·rice chez Krystian Lupa
Auteur / Autrice : | Juliane Lachaut |
Direction : | Guy Freixe, Marielle Silhouette |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Théâtre et Arts de la Scène |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2019 |
Etablissement(s) : | Besançon, Université Marie et Louis Pasteur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Communication, Langues, Arts (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ELLIADD - Éditions, Langages, Littératures, Informatique, Arts, Didactiques, Discours |
Equipe de recherche : Arts et littérature | |
établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-2024) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le travail du metteur en scène polonais Krystian Lupa occupe une place étonnante dans le paysage théâtral contemporain. La centralité de l'inconscient dans ses pièces, ses références à la psychanalyse, sa conception vampirique de la relation entre l'acteur·rice et le personnage, l'idée que l'improvisation avec le partenaire doit être une rencontre entre deux inconscients : voilà autant d'aspects qui disent la radicalité d'une démarche singulière. En dépit, ou peut-être en raison de cette radicalité, son succès international s'accompagne d'un enthousiasme pour ses procédés de jeu qui, de transmission en réappropriation, essaiment jusqu'à apparaître dans des cours proposant la « méthode Lupa ». L'objet de cette recherche est donc de tirer le fil du jeu lupien en s'interrogeant sur ses provenances autant que sur son étrange postérité : quels en sont les procédés ? D'où proviennent-ils ? Pourquoi et comment se propagent-t-ils ? Un premier axe de recherche porte sur la généalogie du jeu lupien, remontant à Stanislavski, et passant notamment par un rapport conflictuel à Kantor et par la persistance de la ritualité dans le théâtre polonais. Les questions soulevées portent notamment sur le rapport aux éléments psychanalytiques, la place du corps, les références aux écrivains de la modernité, et amènent à faire l'hypothèse du passage, avec Lupa, d'un réalisme psychologique à un « réalisme psychanalytique ». Le second aspect de cette recherche porte sur le rhizome lupien en France. Le rhizome s'oppose à la filiation en ce qu'il ne fonctionne pas par héritage et lignée, mais par contamination horizontale, de proche en proche. Ainsi, de la même façon qu'une génération de jeunes metteuses en scène et dramaturges passées par l'enseignement de Lupa voit le jour en Pologne, en France semble se produire un phénomène semblable. Cette étonnante et vivace postérité de Lupa en France pose plusieurs questions : comment expliquer qu'un théâtre qui s'interroge sur l'individu et les processus de constitution du sujet, parle autant aujourd'hui en France dans un paysage théâtral qui a semble-t-il fait le deuil des références psychanalytiques ? Ce qui constitue le cœur d'une démarche artistique peut-il se transmettre comme un simple outil au service du jeu ? Pourquoi l'héritage de Lupa prend-il si bien dans le champ théâtral français ?