Thèse en cours

Représentations du changement climatique dans le roman britannique contemporain: des spéculations scientifiques aux expériences humaines

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 09/12/2024. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Marion Moussier
Direction : Jean-Michel Ganteau
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Études du monde anglophone
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 09/12/2024
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EMMA - Etudes Montpellieraines du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : Vanessa Guignery
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Ganteau, Julia Kuznetski, Thomas Dutoit, Diane Leblond
Rapporteurs / Rapporteuses : Thomas Dutoit

Résumé

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Le changement climatique est sans doute la crise environnementale la plus complexe de l'histoire de l'humanité. Il révèle l'inséparabilité des sociétés humaines et de la nature à l'échelle globale et géologique. De ce fait, il remet en question les façons de penser l'humain et le non-humain profondément ancrées dans l'ontologie et l'épistémologie occidentales. De plus, son envergure colossale et ses complexes ramifications dépassent les limites de notre compréhension. Par conséquent, les difficultés pour y faire face efficacement sont en partie attribuées à une défaillance de l'imagination, tout particulièrement dans le monde occidental où le phénomène semble encore lointain et abstrait. Cependant, son ampleur, ainsi que son caractère hybride et insaisissable, constituent un défi sans précédent pour la représentation littéraire en général, sans parler du roman réaliste traditionnel. Cette thèse analyse sept romans britanniques contemporains, qualifiés de « fictions climatiques » car ils thématisent ce sujet de manière substantielle, et se penche sur la manière dont ils parviennent à formuler des récits à taille humaine malgré les échelles du phénomène et les contraintes de leur forme romanesque. Elle identifie leurs stratégies, conventions, significations et limites, fournissant une évaluation globale de la réponse du roman à ce thème sans précédent et de l’unique contribution qu’il peut apporter à notre compréhension de la crise. Elle s'interroge sur la manière dont les fictions climatiques transforment des projections scientifiques abstraites et générales sur l'avenir planétaire en histoires concrètes et uniques qui reflètent ou remettent en question les interprétations du phénomène prévalentes dans les sociétés occidentales. Ainsi, elle clarifie les multiples interactions, parfois ambiguës, entre traditions littéraires, plausibilité scientifique et écologie à l’œuvre dans les fictions climatiques. Premièrement, cette thèse étudie dans quelle mesure le corpus reflète un changement de paradigme dans les visions du monde occidentales sur lesquelles la forme romanesque conventionnelle s'est longtemps appuyée. Elle démontre que le corpus s’éloigne des représentations obsolètes et anthropocentriques de la nature et de l'homme moderne, au profit d'une vision de notre monde comme un réseau dynamique d’acteurs humains et non-humains dont les interactions aboutissent à des produits hybrides, tels que le changement climatique. Deuxièmement, elle suggère que les fictions climatiques témoignent d’une évolution dans notre perception du temps, du court-termisme moderne aux temporalités plus lentes de l'histoire de notre espèce et de la planète. En outre, elle explique pourquoi et comment les fictions climatiques, alliant rationalité scientifique et influences culturelles sous-jacentes, font appel à des traditions narratives et esthétiques afin de donner vie aux projections scientifiques abstraites portant sur le futur lointain. Troisièmement, elle soutient que, si les romans attestent de la résilience du mode réaliste, ils sont également amenés à adapter, diversifier, élargir ou remettre en question son discours afin d’offrir des perspectives moins limitées sur ce sujet qui appelle à l’innovation littéraire. De plus, elle révèle que les multiples défis liés au changement climatique sont réfractés dans l'esprit du protagoniste réaliste, ce qui conduit les romans à illustrer certaines réponses psychologiques à la crise communes dans le monde occidental. Ainsi, elle affirme que, grâce aux conventions du réalisme et à leur intérêt pour la science, les romans abordent des questions cruciales relatives à la perception et à la communication des risques liés au changement climatique.