Thèse en cours

L’altérité dans la nature. Chemins pour s’ouvrir aux existences autres qu’humaines.

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 31/05/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Clara Poirier
Direction : Virginie MarisAnne Charmantier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : EERGP-Environnement, Territoires et Sociétés
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 31/05/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CEFE - Centre d'Ecologie Fonctionnelle et Evolutive
Jury : Président / Présidente : Vincent Devictor
Examinateurs / Examinatrices : Virginie Maris, Jean-Philippe Pierron, Layla RAïD, Anne Charpentier, Fanny Rybak, Gérald Hess
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Philippe Pierron, Layla RAïD

Résumé

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L’altérité est un concept fondamental, que les dictionnaires peinent à définir et situent à la racine de la pensée ; c’est aussi un sentiment par lequel la réalité nous convoque. C’est une voie de rencontre de ce qui suit son propre cours, de ce dont on ne détient pas le sens. Aujourd’hui, il n’y a que très peu de place pour l’altérité dans les conceptions occidentales dominantes de la nature et de l’identité humaine, et dans les modes de vie qui en découlent ; la dense présence des êtres naturels est peu perceptible dans l’ « environnement » qui offre leur contexte aux vies humaines. En prenant l’altérité pour guide, cette thèse cherche dans l’idée de nature ce qui la maintient poreuse, ce qui fait qu’elle dialogue avec ce qu’elle vise dans la réalité. Cette réflexion a pour but de dessiner des chemins de rencontre entre êtres humains et autres qu’humains où l’on ne reste pas à l’abri dans son système de repères, mais où l’on expose ceux-ci à la surprise et au doute – il s’agit de contextualiser nos repères dans une réalité vertigineuse et d’aller au contact d’existences profondément singulières, déroutantes et fascinantes. Ces chemins se doivent de reposer sur le moins de présupposés possibles : ils sont un travail de disposition du soi humain où le silence, l’attention et la légèreté des outils de pensée permettent la rencontre asymptotique d’êtres profondément singuliers, irréductibles et que nos repères de sens ne peuvent épuiser. Comment identifier un être autre que soi dans la nature, sans rien présupposer à son sujet ? Je propose d’approcher les êtres naturels en termes de façons d’être, afin de les laisser se présenter par eux-mêmes sans donner de forme préalable à leur singularité, et de n’exclure aucune présence du champ de notre attention et de notre considération : la lumière, les vents et les pierres ont tout autant de consistance ontologique que les êtres vivants. La diversité des façons d’être dessine un monde commun à pans multiples, plutôt qu’un monde-contexte. Comment définir le point de vue humain de sorte que l’altérité ne se réduise pas à l’expérience que nous en faisons ? En pensant l’identité humaine en termes de façon d’être, en nous ancrant dans un monde commun fait d’êtres naturels singuliers, nous appartenons à ce qui nous dépasse, et cela nous installe dans une vaste réalité où les asymptotes sont nécessaires aux rencontres, et où nous saisissons des mystères. Dans cette perspective, un face-à-face s’ouvre entre êtres humains et autres qu’humains. Le « même » et l’ « autre » ouvrent alors une diversité de chemins comparatifs où des êtres à la fois profondément liés entre eux et fondamentalement autres les uns vis-à-vis des autres se rencontrent dans des échanges métamorphiques, dans un kaléidoscope de ressemblances et de différences. L’identité et l’altérité ne peuvent se passer l’une de l’autre, et dessinent un équilibre ontologique qui doit être respecté pour que la rencontre advienne – les êtres naturels ne fusionnent pas, et il n’y a pas de rupture entre eux pour autant. Je propose de définir l’éthique à partir de cet équilibre ontologique : le monde commun des êtres naturels est un être-ensemble, et l’éthique, ce sont les façons humaines de s’orienter quotidiennement, entre prendre et donner, dans les difficultés de cette coexistence en interdépendance. Reconnaître et respecter l’altérité dans la nature est un travail de disposition de soi, basé sur une forme d’attention silencieuse ; cette thèse propose des chemins de rencontre qui cherchent à répondre aux différents enjeux soulevés par le guide exigeant qu’est l’altérité, comme concept et comme sentiment, pour regarder en face ce que nous sommes en train de détruire.