Les neuropathies auditives : des mécanismes pathogéniques aux stratégies thérapeutiques
Auteur / Autrice : | Jamal Nasr |
Direction : | Jing Wang, Jean-Luc Puel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie Santé |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 19/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-….) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé (Montpellier ; Ecole Doctorale ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : INM - Institut des Neurosciences de Montpellier |
Equipe de recherche : Audition | |
Jury : | Président / Présidente : Patrick Carroll |
Examinateurs / Examinatrices : Jing Wang, Olivier Sterkers, Jérôme Ruel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Sterkers, Jérôme Ruel |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les surdités représentent un problème de santé publique majeur. Les causes de ces atteintes auditives sont multiples: génétiques, exposition aux bruits, agents chimiques, médicaments ototoxiques, complications à la naissance, maladies infectieuses ou vieillissement. A ce jour, les mécanismes pathogéniques responsables de ces pathologies restent inconnus et il nexiste aucun traitement curateur. Le premier objectif de cette thèse est donc délucider les mécanismes des surdités réversibles induites par un bruit impulsionnel. En effet, des études récentes ont démontré qu'une exposition à un son non fluctuant, de fréquence stable, en bande étroite pendant deux heures peut induire une élévation de seuil temporaire avec une dégénérescence permanente des fibres nerveuses auditives, bien que les cellules ciliées restent intactes. Par contre, il existe peu de données sur les conséquences dune surdité réversible causée par lexposition à des bruits intenses, couramment rencontrés dans notre vie. Pour ce faire, nous avons mise au point au laboratoire un paradigme d'exposition au bruit impulsionnel permettant de provoquer une augmentation temporaire des seuils auditifs chez les souris. Nos résultats ont montré que l'exposition au bruit impulsionnel (145 dB SPL en crête, 700 impulsions, 1 impulsion/seconde) entraînait une augmentation aigue des seuils auditifs de 30 dB en moyenne peu de temps après l'exposition. Après 2 semaines, les seuils auditifs retrouvaient leur niveau initial à l'exception des régions cochléaires les plus apicales où une légère élévation des seuils auditifs persistait. Cette légère élévation persistante des seuils auditifs aux fréquences plus basses est en accord avec une altération permanente des stéréocils des cellules ciliées externes, principalement localisées dans la région apicale de la cochlée. De plus, une diminution durable des amplitudes de l'onde I des ABR a été observée 2 semaines après l'exposition, ce qui traduit une perte des synapses entrent les cellules ciliées internes et les fibres du nerf auditif. La quantification des synapses auditives a révélé une perte synaptique, modérée mais réversible dans la partie basale de la cochlée. Lévolution ultrastructurale des rubans perturbés par lexposition au bruit impulsionnel révélait une réparation partielle et incomplète de ces structures 2 semaines après lexposition. De plus, des niveaux accrus de stress oxydatif ont été observés immédiatement après l'exposition et se maintenaient pendant 2 semaines supplémentaires. Lensemble de ces résultats suggèrent des liens majeurs possibles entre les dommages des stéréocils des cellules ciliées externes, la plasticité des synapses, le stress métabolique cochléaire et la survenue de la surdité cachée. Le deuxième objectif de cette thèse porte sur le développement de stratégies thérapeutiques pour restaurer l'audition chez des souris Opa1delTTAG porteuses d'une mutation humaine récurrente. Pour ce faire, j'ai utilisé deux approches de thérapie génique innovante: i) la réexpression de l'isoforme WT#1 de l'ADNc complet dOpa1; ii) l'inhibition du gène muté couplée à la réexpression de l'isoforme WT#1 Opa1. Mes résultats ont démontré que l'injection par canalostomie d'AAV2/Anc80-CBA-eGFP produit une forte expression du transgène GFP à long terme dans la plupart des CCI et des neurones ganglionnaires affectés par la mutation. De plus, l'injection canalostomique n'entraîne pas de surdité supplémentaire par rapport à l'oreille controlatérale témoin non injectée. Ces résultats constituent un préalable important dans le développement de stratégies thérapeutiques géniques de la cochlée. En revanche, mes résultats préliminaires n'ont pas démontré l'efficacité thérapeutique d'une réexpression de l'isoforme WT#1 Opa1 via l'injection par canalostomie d'AAV-CBA-OPA1. Ces résultats restent à confirmer avec différents niveaux de contrôle à préciser: i) problème technique à l'injection ; ii) niveau d'expression du transgène Opa1.