La Fosse et le piédestal : la « forme-exposition » et l’émergence d’une ontologie critique de l’art (1942 – 1979)

The Pit and the Pedestal : the ''exhibition-form'' and the emergence of a critical ontology of art (1942 – 1979)

• Auteur / Autrice : Vincent Normand
• Direction : Anne Lafont
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Arts : histoire et théorie
• Date : Inscription en doctorat le 24/09/2018
• Etablissement(s) : Paris, EHESS
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales

Mots clés

Mots clés libres

Exposition

Modernisme

Art contemporain

Esthétique

Ontologie

Exhibition

Modernism

Contemporary art

Aesthetics

Ontology

Résumé

L’émergence de l’exposition comme objet central de l’historiographie de l’art contemporain depuis les années 1990 en fait un site particulièrement adapté à la fabrique d’un concept critique de l'art contemporain en général, car elle constitue une ressource décisive pour son élaboration historique. Cette thèse entreprend de penser la fonction constitutive de l’exposition dans le concept contemporain d’art, en reliant son histoire à l’émergence progressive de l’exposabilité de l’art comme une donnée esthétique et conceptuelle. Si l’exposition est devenue le principal vecteur de médiation institutionnelle des formes contemporaines de l’art, et si elle a supplanté l’œuvre d’art individuelle comme échelle de leur évaluation critique, l’art contemporain ne serait-il pas une forme d’exposition des arts ? Cette étude prend racine dans l’ambition d’historiciser les termes qui sous-tendent cette question. Au croisement de l’histoire de l’art et de la théorie esthétique, elle propose de saisir le développement, au XXème siècle, de la relation entre les œuvres d’art et leur espace d'exposition, ainsi que le rôle joué par leur entrelacement croissant dans les transformations historiques de l’ontologie de l’art. En reconstituant les processus d’« environnementalisation », d’« architecturalisation » et de « textualisation » de l’œuvre d’art par lesquels l’objet artistique a vu ses limites se confondre avec celles de son exposition, il s’agit de décrire la constitution progressive de la « forme-exposition » comme espace de fabrique de l’expérience esthétique et lieu d’élucidation critique de l’ontologie de l’art : le site où les formes modernes et postmodernes d’art ont éprouvé leurs frontières définitoires en excavant les conditions spatiales de leur présentation. Ainsi, cette thèse propose de saisir sur un plan archéologique la sédimentation historique par laquelle le concept d’art s’est déposé dans ses espaces d’exposition, et par laquelle, en retour, l’exposition est devenue le topos des formes contemporaines d’art : leur site conceptuel.

The emergence of exhibitions as central objects of the historiography of contemporary art since the 1990s makes them particularly suitable sites for the construction of a critical concept of contemporary art in general, as it constitutes a decisive resource for its historical elaboration. This thesis sets out to consider the constitutive function of exhibitions in the contemporary concept of art, linking its history to the gradual emergence of art's exposability as an aesthetic and conceptual criterion. If exhibitions have become the main vehicles for the institutional mediation of contemporary art forms, and if they have supplanted the individual work of art as the scale for their critical evaluation, would contemporary art not be a form of exhibition of the arts? This study is rooted in the ambition to historicize the terms underlying this question. At the crossroads of art history and aesthetic theory, it proposes to grasp the development, in the 20th century, of the relationship between works of art and their exhibition space, as well as the role played by their increasing interweaving in the historical transformations of the ontology of art. By reconstructing the processes of “environmentalisation”, “architecturalisation” and “textualisation” of the work of art, through which the artistic object has seen its limits merged with those of its exhibition, the aim is to describe the progressive constitution of the “exhibition-form” as a space for the construction of aesthetic experience and a place for the critical elucidation of the ontology of art: the site where modern and postmodern art forms have tested their defining boundaries by excavating the spatial conditions of their presentation. Thus, this thesis proposes to grasp on an archaeological level the historical sedimentation by which the concept of art was deposited in its exhibition spaces, and by which, in turn, the exhibition became the topos of contemporary art forms: their conceptual site.