Thèse soutenue

Usages politiques du religieux et pratiques parlementaires : le Parlement européen et la Turquie (1979-2009)

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Auteur / Autrice : Marine Pierre
Direction : Laurence BadelMatthias Schulz
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 01/12/2022
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Université de Genève
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement d'accueil : Université de Genève
Laboratoire : Sorbonne Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Alexander Keese
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Badel, Matthias Schulz, Alexander Keese, Hamit Bozarslan, Vincent Dujardin, Irène Herrmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Hamit Bozarslan, Vincent Dujardin

Résumé

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Cette thèse de doctorat propose de réfléchir à la manière dont la Turquie a été perçue, et comment son islamité a impacté les décisions politiques prises par le Parlement européen à son propos. Elle s’intéresse ainsi aux usages politiques du religieux qui sont faits par les députés européens au sein du dossier turc auprès de la Communauté économique européenne (CEE), puis de l’Union européenne (UE), entre 1979 et 2009. Cette recherche vise plusieurs objectifs. Premièrement, il s’agit de présenter un cas d’étude sur le poids que revêt la religion dans l’histoire des relations internationales. Deuxièmement, étudier la dimension religieuse des relations CEE/UE-Turquie nécessite de prendre en compte le phénomène qui marque la fin du XXème et le début du XXIème siècle : « le retour du religieux ». Ces dernières décennies, le religieux acquiert en effet une visibilité nouvelle dans les discussions publiques, intellectuelles et universitaires. Cependant, la nouvelle visibilité du religieux ne doit pas faire illusion. Lorsque la religion est mobilisée, il s’agit davantage de politique. De ce point de vue, nous cherchons à explorer les conditions dans lesquelles les membres du PE investissent le religieux, autrement dit l’islamité turque, les modalités et les évolutions de ces usages politiques du religieux. Notre hypothèse est que la politisation grandissante de l’identité religieuse de la Turquie est le fait d’une instrumentalisation émanant à la fois des institutions européennes et des représentants politiques turcs avec qui elles échangent. Nonobstant, c’est moins la qualité musulmane du pays, la compatibilité ou l’incompatibilité de sa culture islamique, que le nationalisme qui le traverse qui met en échec les relations qu’il entretient avec l’Europe institutionnelle durant la période étudiée. Enfin, notre recherche vise à mettre en valeur les fonctionnements du PE qui reste encore peu connu au-delà d’un cercle restreint d’experts. Participer à l’histoire institutionnelle du PE nécessite de prendre en compte l’évolution intrinsèque de ce dernier qui, au fil des législatures, se recompose en voyant certains groupes politiques se faire et se défaire, ses rangs se grossirent au fur et à mesure des élargissements et son pouvoir s’accroître, avec l’adoption de nouveaux traités. Il s’agit de définir avec précision les modalités d’action des europarlementaires. Le corpus de sources étudié est par conséquent principalement constitué des outils parlementaires à la disposition des eurodéputés. Ensemble, ces sources constituent autant de traces des pratiques et des stratégies des eurodéputés, qui sous-tendent leur comportement vis-à-vis des relations CEE/UE-Turquie, ainsi que de leurs attentes ou de leurs réticences liées à aux représentations qu’ils se sont faits de la Turquie au fil du temps.