Thèse soutenue

La narrativisation des musiques populaires enregistrées : enjeux génériques et politiques des musiques rock et folk (1962-1989)
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Marion Brachet
Direction : Esteban BuchSerge Lacasse
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Musique, histoire, société
Date : Soutenance le 14/02/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Université Laval (Québec, Canada)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Christophe Pirenne
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Pirenne, Catherine Rudent, Sandria P. Bouliane, Lori Burns, Jean-Marie Schaeffer
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Pirenne, Catherine Rudent

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Cette recherche porte sur les processus de narrativisation des musiques rock et folk, et mobilise une méthode phononarratologique reposant sur des témoignages d’écoute d’auditeurs investis dans ces deux genres à travers l’appartenance à des communautés d’amateurs en ligne. Bien que le champ de la narratologie des musiques populaires se soit développé depuis une quinzaine d’années, les travaux s’appuyant sur des enquêtes de réception y restent en effet marginaux. Le cadre cognitiviste tendant pourtant à s’implanter dans la narratomusicologie, il m’a semblé important de réaliser une étude plus systématique permettant de mieux comprendre comment sont perçus les textes et surtout l’ensemble de l’environnement sonore d’une chanson populaire, et pourquoi ils peuvent être reçus à travers un prisme narratif. En utilisant la théorie des affordances, je cherche dans cette thèse quels éléments, relevant des paroles, de la composition musicale, de la performance, mais aussi des paramètres technologiques et de la mise en scène sonore, semblent encourager une écoute narrativisante. Je m’appuie pour cela sur un questionnaire en ligne distribué auprès de 15 communautés d’auditeurs dédiées à des artistes rock et folk, portant sur la place de la narrativité dans leurs écoutes et dans leur perception des musiques rock et folk. La focalisation sur ces deux genres, dans leurs incarnations allant des années 1960 aux années 1980, me permet de mener une approche comparative du rôle que peut jouer la narrativité dans les définitions et traditions génériques, mais aussi de la manière dont cette narrativité articule et concentre un bon nombre des enjeux politiques soulevés par les musiques populaires. Les liens étroits qu’ont pu entretenir les genres rock et folk avec des mouvements ou discours politisés redoublent l’intérêt de ce questionnement et de la méthode utilisée ici, qui laisse apercevoir comment la réception actuelle des récits rock et folk façonne l’image politique de ces genres. En mettant en regard les contributions des enquêtés avec des analyses phononarratologiques, je me suis attachée à évaluer les contrastes d’affordances sonores, politiques et narratives proposées par les chansons rock et folk, tout en gardant à l’esprit les impressions que ces affordances laissent sur leurs publics contemporains. Les résultats de cette recherche montrent que malgré quelques différences dans les processus de narrativisation des chansons rock et folk, le caractère phonographique de ces musiques les rassemble comme objets narratifs gagnant à être compris sous le prisme de l’expérientialité, dans la mesure où elles encouragent l’auditeur implicite à se positionner dans le monde narratif proposé par chaque piste. Les points de vue et types de voix narratives prenant à parti cet auditeur implicite modulent toutefois considérablement cette relation, et sont essentiels dans la compréhension des pratiques et traditions narratives et politiques des genres rock et folk, dont on peut ainsi dresser des profils distincts en dépit des nombreux échanges qui ont dynamisé l’évolution de ces deux familles musicales sur la période étudiée.