La chancellerie normande dans les documents publics siciliens écrits en grec entre le XIe et le XIIe siècles ( étude du « personnel » et du « bureau » )
Auteur / Autrice : | Giulia Sorrentino |
Direction : | Brigitte Mondrain, Cristina Rognoni |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire, textes, documents |
Date : | Inscription en doctorat le 23/11/2018 Soutenance le 25/03/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université de Palerme |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Savoirs et Pratiques du Moyen Âge au XIXe siècle (Paris) |
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris) |
Mots clés
Résumé
Ce travail a pour sujet la chancellerie en langue grecque de la période normande en Sicile (1088-1192). Il traite en particulier la question du concept même de « chancellerie », se proposant d'étudier son fonctionnement et son évolution après l'arrivée des Normands en Sicile et, en outre, de rechercher qui étaient les personnes chargées de rédiger les actes comtales et royaux en grec. L'existence d'une réalité multilingue grecque, arabe, latine et juive a fortement influencé le développement de l'activité de la chancellerie ; de plus, les études sur la question se sont davantage concentrées sur la composante latine et, dans une certaine mesure, sur la composante arabe. L'élément grec sicilien d'origine byzantine, quant à lui, fait l'objet de recherches depuis la fin du XX siècle. Ainsi, pour suivre les traces des études byzantines et répondre à la question de l'existence ou non d'une chancellerie normande et d'un bureau chargé de la rédaction des documents en grec, deux approches méthodologiques ont été adoptées, soit une étude paléographique des originaux conservés et une analyse diplomatique des actes afin d'esquisser le profil des scribes chargés de rédiger les documents grecs. Cette phase peut être assimilée à la création d'un inventaire prosopographique du personnel en langue grecque de la chancellerie. La base de données résultant de la recherche du projet ERC Documenting Multiculturalism: coexistence, law and multiculturalism in the administrative and legal documents of Norman and Hohenstaufen Sicily, c. 1060-c. 1266 (2017-2025) s'est révélée être d'une valeur inestimable pour chacune de ces approches. La chancellerie byzantine contemporaine, la chancellerie anglo-normande et la chancellerie plus tardive de Frédéric II de Souabe, mieux connues grâce à les sources documentaires et historiographiques, ont également fait l'objet d'étude. L'objectif de cette analyse était d'obtenir un point de comparaison en termes de fonctionnement et d'organisation avec ce qui se passait dans la chancellerie grecque contemporaine de Byzance. Nous avons également tenté de comprendre comment les Normands s'organisaient dans un autre territoire qu'ils occupaient à peu près à la même époque (1066). Finalement, l'attention a été portée sur les éléments de continuité et de changement présents dans la chancellerie de Frédéric II par rapport aux pratiques normandes antérieures. Les résultats de l'étude participent, d'une part, à la compréhension de la contribution de la Sicile normande à l'affirmation de l'usage du document et de « l'écrit » en général. Ce phénomène a touché les gouvernements et les administrations du continent européen du XIIe siècle, entraînant la bureaucratisation proprement dite au XIIIe siècle. D'autre part, les résultats de ce travail soulignent le poids de la tradition byzantine dans l'établissement et le développement du pouvoir normand à travers la figure des scribes hellénophones.