Thèse en cours

Caractérisation et évolution de la virulence du mildiou face aux résistances de la vigne : apports croisés de la génomique d'association et de l'évolution expérimentale

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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu en 2022. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Manon Paineau
Direction : François Delmotte
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Écologie évolutive, fonctionnelle et des communautés
Date : Soutenance en 2022
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences et Environnements (Talence, Gironde ; 1999-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : SAVE - Santé et Agroécologie du VignoblE
Jury : Président / Présidente : Cecile Robin
Examinateurs / Examinatrices : François Delmotte, Jean Carlier, Laurence Godiard, Dario Cantu, Frédéric Fabre, Pere Mestre
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean Carlier, Laurence Godiard, Pere Mestre

Résumé

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L'utilisation de la résistance variétale est une méthode de choix pour gérer les maladies des plantes dans les agro-écosystèmes. Cependant, l'uniformité génétique et environnementale des cultures créées par l'intensification agricole à grande échelle entraîne de fortes pression de sélection sur les populations d'agents pathogènes, qui conduisent à leurs adaptation aux variétés résistantes et à des pertes de récolte substantielles. En viticulture, malgré une diffusion encore très restreinte des variétés de vigne résistantes, des contournements de résistance ont déjà été observés en Europe. Dans ce contexte, cette thèse a pour objectif d'étudier les mécanismes responsables de l'adaptation de Plasmopara viticola, l'agent pathogène responsable du mildiou de la vigne, face aux résistances à effets partielles actuellement utilisées dans les programmes de sélection. Tout d'abord, nous proposons une méthode de caractérisation des profils de virulence (également nommée pathotype) de P. viticola adaptée au cas particulier des résistances partielles. Nos résultats, obtenus sur 33 souches de P. viticola échantillonnées dans toute l’Europe, montre l'émergence d'un nombre croissant de souches capables de contourner les résistances déployées au vignoble (Rpv3.1, Rpv3.2, Rpv10, Rpv12). Certaines souches de pathoptypes dit complexes, combinent même plusieurs virulences à la fois. Puis, à partir du cas du contournement de la résistance Rpv3.1, nous avons utilisé une approche de génomique d’association pour révéler les bases génomiques responsables de l'émergence de souches virulentes vis-à-vis de ce facteur de résistance. Nous avons mis en évidence qu'une variation structurelle dans le génome de P. viticola est à l'origine du contournement de Rpv3.1. Il s'agit d'une délétion de grande taille (14 à 96 Kb) qui inclut deux gènes de 800 acides aminés codant potentiellement pour des effecteurs. La perte de ces gènes permet au mildiou d'éviter la reconnaissance de la plante : il devient ainsi capable de l'infecter. Enfin, nous avons étudié la dynamique d'adaptation de P. viticola au facteur Rpv3.1 par une approche d'évolution expérimentale en conditions contrôlées. En partant de souches virulentes et avirulentes vis-à-vis de Rpv3.1, nous avons suivi durant 13 générations asexuées successives 48 lignées évolutives de P. viticola réparties dans deux régimes de sélection : un régime avec 100 % de plantes sensibles d'une part, et un régime avec 50 % de plantes sensibles et 50 % de plantes résistantes d'autre part. Aucun contournement de Rpv3.1 n'a été observé au cours de cette évolution expérimentale. Si cette observation suggère que ces évènements ne sont pas très fréquents dans les populations de P. viticola, nos résultats indiquent également, qu'une fois apparu chez des individus, l'allèle de virulence persiste dans la population, y compris en l'absence de la pression de sélection associée. En conclusion, les résultats de ce travail de thèse contribuent à une meilleure compréhension des mécanismes évolutifs à l’origine de l’adaptation de l'oomycète P. viticola aux résistances de la vigne. Les méthodologies utilisées ouvrent notamment la voie à l'identification et à l'analyse de la dynamique évolutive des gènes d'avirulence qui interagissent avec les facteurs de résistance utilisés par les sélectionneurs. A terme, nos résultats permettront d'orienter et d'optimiser les stratégies de gestion durable des résistances de la vigne et de leurs déploiement au vignoble.